1. Gladio: la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (présentation)
L'enquête du journaliste Arthur Rowse,Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne, publiée en 1994, a fait date. Il s'agissait de la première description détaillée de Gladio, le réseau italien des stay-behind, la structure clandestine de l'OTAN, dans une publication américaine. Cet article de fond n'a jamais été traduit en français. Il nous semblait intéressant de combler cette lacune. Le point de vue de Rowse est celui du progressisme libéral américain. S'il comprend que Gladio a finalement détruit les partis du centre au lieu de les renforcer et renforcé ceux de la gauche au lieu de les détruire, il sous-estime son succès plus profond. La stratégie de la tension a permis, à travers le spectacle du terrorisme manipulé, d'extrême gauche ou d'extrême droite, de mettre un coup d'arrêt au lent glissement de l'Italie vers une révolution sociale, portée par le courant de tous ceux qui échappaient et s'opposaient à l'encadrement bureaucratique, syndical et politique. Toutefois, Rowse, qui possède une bonne connaissance des dessous inavouables de la politique étrangère américaine, a mis en lumière la dimensioninternationale des années de plomb en Italie, aspect généralement négligé par la critique sociale la plus avancée. Et quand certains auteurs ont évoqué cette dimension, ils se sont parfois égarés sur la fausse piste d'une fantasmatique manipulation de la politique italienne par les services secrets de divers régimes staliniens. Dès 1980, Gianfranco Sanguinetti avait réfuté ce leurre :
« [Certains] penseurs salariés, de Scalfari à Bocca, raisonnent (...) frauduleusement lorsque, tout en admettant comme je l'ai démontré que la stratégie des B.R. vise entre autres à empêcher l'arrivée du P.C.I. au pouvoir, ils font résulter ceci non pas de l'aversion que ce parti suscite dans certains secteurs du capitalisme italien et des services secrets, mais de l'aversion des staliniens soviétiques pour leurs homologues italiens. Nos penseurs à la petite semaine concluent donc que Moro a été enlevé avec l'appui du KGB et des services secrets tchécoslovaques. Les capitalistes italiens, les militaires et les agents du SISDE, du SISMI, du CESIS, de la DIGOS et de l'UCIGOS [Sigles de quelques services secrets officiels d'Italie], ainsi que Carter, seraient heureux de voir le P.C.I. au gouvernement en Italie, mais cela n'est malheureusement pas possible parce que les Russes et le KGB ne le veulent pas : quelle déveine ! Si derrière l'affaire Moro il y a le KGB, qui est donc derrière les couillonnades de Bocca et Scalfari ? Est-il possible qu'ils se soient hissés à de tels sommets par leurs seules forces ?
Quoi qu'il en soit, cette curieuse et stupide théorie, que l'intempestif Pertini [septième président de la République italienne de 1978 à 1985] s'est hâté de faire sienne après coup, sert clairement à rassurer la mauvaise conscience de tous ceux qui veulent croire que cet Etat, puisqu'il est en guerre avec le terrorisme, ne peut le diriger » (Du Terrorisme et de l'Etat).
D'aucuns continuent à soutenir cette « curieuse et stupide théorie » (développée par exemple dans Brigades rouges : L'histoire secrète des BR racontée par leur fondateur, ouvrage apportant par ailleurs d'intéressantes informations). Rowse, au contraire, montre comment le terrorisme manipulé résulte de l'aversion de certains secteurs du capitalisme italien et des services secrets italiens et américains, et plus encore, comment les Etats-Unis et l'Italie ont agi de concert dès la fin de l'après-guerre, pour conjurer un péril rouge obsessionnel. De ce point de vue, les années de plomb sont l'aboutissement d'un long processus contre-insurrectionnel mis en oeuvre avec une constance machiavélique.
[Pour des facilités de lecture, nous diviserons cette enquête en quinze parties. Remerciements à NOT BORED! qui nous a transmis la version originale de l'article de Rowse complète de ses notes.]
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2. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (Introduction)
En janvier,SilvioBerlusconiest apparu sur la turbulente scène politique italienne monté sur un cheval blanc. Les électeurs étaient revenus des vieux leaders centristes traînés dans la boue suite à des scandales de corruption massifs. Alors que des élections parlementaires cruciales devaient avoir lieu deux mois plus tard et qu'il était probable que la gauche parvinsse au pouvoir pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale [Les principaux acteurs du système politique italien depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ont été les démocrates-chrétiens et les socialistes au centre, le Parti communiste italien à gauche, et une poignée de petits partis à droite. Aux élections de 1994, Forza Italia, créée par Berlusconi, s'est alliée aux néo-fascistes d'Alliance nationale et aux séparatistes de la Ligue du Nord pour vaincre la coalition conduite par le Parti communiste, rebaptisé Parti démocrate de gauche. On trouvait loin en troisième position les vestiges de la coalition centriste. Les élections de 1994 furent les premières au cours desquelles les Italiens purent voter pour une coalition.],l'homme d'affaires milliardaire entra en lice avec des candidats de droite qui n'avaient jamais exercé aucune charge. Aidé par l'écoeurement des électeurs et grâce au concours d'importantes sociétés dans les médias et l'industrie, la coalition conduite parBerlusconi l'emporta largement, évitant la victoire anticipée de la gauche. Ce triomphe hissa la droite, y compris les néofascistes, à de nouveaux sommets depuis la fin de la guerre [Voir, par exemple, Alan Cowell, « Italy's Neofascists Get 5 Cabinet Seats in New Government », New York Times, 11 mai 1994, pp. A1-A5.].Toutefois, un véritable changement semblait improbable, carBerlusconi reproduisit la vieille politique sous des noms et avec des slogans nouveaux. Berlusconi lui-même était nourri par le système et devait une grande part de son succès à Bettino Craxi, un ex-premier ministre socialiste déféré devant les tribunaux pour corruption le jour qui suivit l'élection de mars. Il ne fallut pas longtemps pour que l'opération « mains propres » de la droite se fasse souffler la vedette par les bras tendus des saluts fascistes et par les vivats au Duce.
La rapide ascension de Berlusconi eut beau prendre la plupart des observateurs au dépourvu, la scène avait été dressée par presque 50 ans d'ingérence américaine dans la politique italienne. Au nom du combat contre le communisme, les Etats-Unis contribuèrent à alimenter un niveau d'agitation politique qui frôla parfois la guerre civile. Les agents américains et leur homologues italiens prirent le contrôle d'organismes politiques clés, réduisant à certains moments la démocratie italienne à n'être rien de plus qu'un terrain d'essai des tactiques agressives de la CIA et de la Maison Blanche. La campagne clandestine, connue sous le nom de Gladio (qui doit son nom à une épée romaine à double tranchant) fut reconnue officiellement pour la première fois en 1990, quand elle prit fin.
(Ce texte et les suivants ont été traduits de l'américain par nos soins.)
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3. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (L'importance de Gladio)
L'IMPORTANCE DE GLADIO
Les Italiens avaient perçu de nombreux signes au cours des années montrant que les partis centristes (les démocrates-chrétiens et les socialistes) étaient favorisés et contrôlés jusqu'à un certain point par Washington. Mais c'est seulement quand le gouvernement italien l'admit officiellement en 1990 que la coalition au pouvoir commença à s'effondrer, prête à être réduite en morceaux deux ans plus tard par les scandales de corruption. L'ahurissante histoire de Gladio, qui continue à faire les gros titres en Europe, a tout juste était mentionnée aux Etats-Unis, où nombre de ses pages sombres restent secrètes.
En Italie, le programme avait été dirigé contre la menace que les communistes n'organisent une éventuelle insurrection ou ne parviennent à un partage du pouvoir à travers les urnes. Cependant, une insurrection était invraisemblable, puisque presque tous les postes dans la bureaucratie étaient occupés après la guerre par des anticommunistes convaincus, vétérans des forces de Mussolini, avec l'approbation des Alliés.
Pendant la guerre, la plupart des Américains se considéraient comme des héros qui avaient libéré l'Europe occidentale de la brutalité de ses dirigeants nazis et fascistes. Toutefois, il ne fallut pas longtemps après le débarquement américain sur le sol italien pour que les libérateurs ne soient souillés. Alors que certains agents de l'OSS [Office of Strategic Services, soit le Bureau des services stratégiques, une agence de renseignement du gouvernement des Etats-Unis (note du traducteur)] travaillaient avec les antifascistes pour aider à jeter les bases d'une démocratie italienne, nombre de ceux qui étaient encore plus haut dans l'échelle conspiraient avec les partisans de Mussolini ou avec l'ancien roi pour les en empêcher [Peter Tompkins, Mondo's Men, manuscrit inédit.].
La CIA nia toute relation avec Gladio, bien que nombre de services secrets européens eussent reconnu leur propre participation. Mais suffisamment d'informations ont émergé pour montrer que la CIA avait patronné et financé une grande part du terrorisme et des perturbations qui ont tourmenté l'Italie pendant près d'un demi-siècle. Entre autres choses, le gouvernement américain a :- noué des alliances secrètes avec la Mafia et des éléments d'extrême droite du Vatican pour empêcher la gauche de jouer quelque rôle que ce soit au gouvernement;
- recruté l'ex-police de Mussolini dans des groupes paramilitaires secrètement financés et entraînés par la CIA, en apparence pour combattre les soviétiques, mais en vérité pour mener des attentats terroristes qui seraient reprochés à la gauche;
- déployé la panoplie des tactiques de guerre psychologique, y compris en alimentant à coups de millions des caisses noires destinées à des partis politiques, des journalistes et d'autres relations influentes pour orienter les élections parlementaires aux détriments de la gauche;
- créé un service secret et une structure de gouvernement parallèle liée à la CIA dont les « atouts » ont essayé plusieurs fois de renverser le gouvernement élu;
- et a ciblé le premier ministre Aldo Moro, qui fut ensuite enlevé et assassiné dans des circonstances mystérieuses après avoir proposé de faire entrer les communistes au cabinet.
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4. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (La couverture secrète de l'OTAN)
LA COUVERTURE SECRETE DE L'OTAN
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a fourni à Washington une couverture pour ses opérations de l'après-guerre en Italie. Une clause secrète de l'accord initial de l'OTAN exigeait, avant qu'une nation ne la rejoigne, qu'elle dût déjà avoir établi une autorité nationale de sécurité pour combattre le communisme au moyen de cadres de la nation clandestins. Cette clause « Stay Behind » se transforma en un comité secret mis en place à l'insistance des Etats-Unis auprès de l'Alliance Atlantique, le précurseur de l'OTAN. L'Organisation exigeait également de chacun de ses membres l'envoi de délégués aux réunions biannuelles sur le sujet [Jan Willems, Gladio (Bruxelles, dossier EPO, 1991), pp. 148-52 ; interview avec Lord Carrington,Newsweek, 21 avril 1986.].L'autorité américaine se manifestait, en de telles occasions, sous la forme d'un flux continu de directives présidentielles transmises par le biais du Conseil National de Sécurité. En décembre 1950, le Conseil donna carte blanche à l'armée pour qu'elle fasse usage de la force d'une manière « appropriée », y compris si les communistes parvenaient simplement à « participer » au gouvernement par des moyens légaux, ou « menaçaient de prendre le contrôle », ou encore « si le gouvernement ne faisait plus la preuve de sa détermination à s'opposer aux menaces communistes, internes ou externes. » [Directive du Conseil de Sécurité Nationale 67/2, 29 décembre 1950.]
La CIA aida la police italienne à mettre en place des escadrons souvent composés de vétérans de la police secrète de Mussolini[R. Faenza et M. Fini, Gli Americani in Italia (Milan, Feltrinelli, 1976), p. 320]. Les escadrons recevaient un entraînement intensif en matière d'espionnage et de contre-espionnage, contre les communistes ou d'autres qui étaient perçus comme des ennemis du statu quo. Le plan consistant à faire usage de « moyens exceptionnels » avait été échafaudé par les services secrets français hautement militarisés, la Sûreté Nationale, qui s'était montrée si dure avec les communistes que certains d'entre eux s'étaient réfugiés dans d'autres pays [Ibid.].L'agence de renseignement nouvellement constituée, le SIFAR [Servizio Informazioni Forze Armate (note du traducteur)], lança ses premières opérations en septembre 1949, sous la direction d'un agent secret américain, Carmel Offie, surnommé « le parrain » par les Italiens [Willems, op. cit., p. 78.]. Le ministre de l'intérieur, Mario Scelba, était à la tête de cette opération. A la même époque, Scelba dirigeait une répression brutale, assassinant des centaines d'ouvriers et de paysans qui avaient cherché à améliorer leur condition après la guerre [Roberto Giammanco, lettre à Edward Herman, 24 juin 1991.].
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5. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (Opération Demagnetize)
OPERATION DEMAGNETIZE
Une fois les services secrets italiens sous leur contrôle, les Américains ont ensuite étendu leur champ d'action sous le nom de code d'opération Demagnetize et les ont reliés à un réseau de cadres déjà existant dans le nord de l'Italie. En 1951, les services secrets italiens acceptèrent en bonne et due forme de mettre en place une organisation clandestine au sein de l'armée pour se coordonner avec les cadres du nord. En 1952, le SIFAR reçut des ordres secrets de Washington pour conduire « une série d'opérations politiques, paramilitaires et psychologiques destinées à réduire le pouvoir du parti communiste italien, ses ressources matérielles, et son influence sur le gouvernement. Cet objectif prioritaire doit être atteint par tous les moyens. » [U.S. Joint Chiefs of Staff Memorandum, 14 mars 1952, cité par Willems, op. cit., p. 80, note 21.]
L'opération Demagnetize marqua le durcissement institutionnel de Gladio. Un historien du département d'Etat l'a décrite comme une « stratégie de stabilisation » [Voir James Edward Miller, The United States and Italy, 1940-1950 : The Politics and Diplomacy of Stabilization (University of North Carolina Press, Chapel Hill, 1986).] bien qu'on puisse la décrire plus exactement comme une stratégie de déstabilisation. Depuis le départ, cette offensive fut secrètement dirigée et financée par le gouvernement américain. En 1956, cet arrangement fut officialisé par un accord écrit, qui employait le nom « Gladio » pour la première fois. Selon des documents de 1956 rendus publics en Italie en 1990, Gladio était divisé en cellules indépendantes coordonnées entre elles d'un camp de la CIA en Sardaigne. Ces « forces spéciales » comprenaient 40 groupes principaux. 10 groupes spécialisés dans le sabotage, 18 (3x6) dans l'espionnage, la propagande, les tactiques d'évasion et de fuite et 12 dans les actions de guérilla. Une autre division conduisait l'entraînement des agents et commandos. Ces « forces spéciales » avaient accès à des caches d'armes, où se trouvaient des pistolets, des grenades, des explosifs sophistiqués, des poignards, des mortiers de 60 millimètres, des mitrailleuses de 57 millimètres et des armes de précision [Marco Scalia, « Operazione Gladio », Avvenimenti, 7 novembre 1990, p. 11.] .
En 1956, le général Giovanni De Lorenzo fut nommé à la tête du SIFAR sur la recommandation de l'ambassadeur des Etats-Unis Claire Boothe Luce, la femme farouchement anticommuniste de l'éditeur du magazine Time [Willems, op. cit., p. 82.]. Un acteur de premier plan était maintenant en place dans Gladio. En 1962, la CIA aida à placer De Lorenzo à la tête de la police nationale (les carabiniers), tandis qu'il conservait un contrôle effectif sur les services secrets.
Le général emmena avec lui 17 lieutenants pour éliminer les officiers insuffisamment engagés à droite. Ce fut la première étape vers une tentative de coup d'Etat d'extrême droite, avec l'attaché militaire américain Vernon Walters à sa tête. Cette même année, dans un mémorandum à De Lorenzo, Walters proposa différents types d'interventions destinées à provoquer une crise nationale, l'obstruction à une coalition de centre gauche, la fabrication de schismes entre les socialistes, et le financement des forces favorables au statu quo [Ibid., p. 84.].
Pendant ce temps, selon des dossiers de la CIA trouvés à Rome en 1984, le chef de l'antenne de la CIA William Harvey commença à recruter des « groupes d'action » à partir d'une liste de 2000 hommes « capables de lancer des bombes, de conduire des attaques, tout en accompagnant ces actions d'une indispensable propagande » [Roberto Faenza, Il Malaffare (Milan, Mondadori, 1978), p. 70, cité par Willems, op. cit., p. 85.]. Ces groupes eurent l'occasion de montrer leurs talents en 1963 dans le cadre d'une offensive antisyndicale. Des gladiateurs entraînés par les Américains, habillés en policiers et en civils, attaquèrent des ouvriers du bâtiment qui manifestaient pacifiquement à Rome, blessèrent 200 d'entre eux et dévastèrent une grande partie de la ville. Un ancien général des services secrets fit le lien avec Gladio dans un témoignage ultérieur [Scalia, op. cit., p. 11.].
Le lieutenant-colonel du SIFAR, Enzo Rocca, entraînait également, pour le coup d'Etat en préparation, une milice civile composée d'ex-soldats, de parachutistes et de membres de l'organisation militaire du « Prince Noir », Junio Valerio Borghese, la Decima MAS (dixième escadron de torpilleurs) [M. Sassano, SID e Partito Americano (Venise et Padoue, Marsilio, 1975), p.. 75-76 ; cité par Willems, op. cit., p. 85.]. Le président Antonio Segni connaissait, semble-t-il, ce plan, qui devait se conclure par l'assassinat du premier ministre Aldo Moro, se retrouvant dans le collimateur parce qu'il n'avait pas été assez dur avec les communistes [Stuart Christie, Stefano Delle Chiaie : Portrait of a « Black » Terrorist (London, Refract Publishers, 1984), p. 24)].
La prise de pouvoir planifiée de longue date, connue plus tard sous le nom de Plan Solo, échoua en mars 1964, les principaux carabiniers impliqués restant dans leurs quartiers. Comme l'enquête qui s'ensuivit en venait à interroger Rocca sur la tentative de coup d'Etat, il se suicida, paraît-il, peut-être pour respecter le serment de silence fait à Gladio. Après que des officiels eurent établi que des secrets d'Etat étaient en cause, trois enquêtes s'enlisèrent et ne parvinrent pas à désigner les complices du coupable [Willems, op. cit., p. 85.].
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6. Gladio: la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (la stratégie de la tension)
LA STRATEGIE DE LA TENSION
En dépit de l'échec du Plan Solo, la CIA et la droite italienne avaient largement réussi à créer les structures clandestines prévues par l'opération Demagnetize. Dès lors, les conspirateurs s'appliquèrent à renouveler l'offensive contre la gauche.
Pour se gagner le soutien des intellectuels, les services secrets organisèrent dans le luxueux hôtel Parco dei Principi, à Rome en mai 1965, une conférence, consacrée à l' « étude » de la « guerre révolutionnaire ». Le choix des mots révélait par inadvertance que les conférenciers et les participants invités étaient en train de planifier une véritable révolution et non seulement de mettre en garde contre une prise de pouvoir imaginaire des communistes. Le rassemblement était principalement une réunion de fascistes, de journalistes d'extrême droite et de personnel militaire. « La stratégie de la tension » qui en sortit était destinée à perturber la vie ordinaire par des attentats terroristes pour créer le chaos et inciter un public effrayé à accepter un gouvernement encore plus autoritaire [Mario Scialoja, « Un Convegno Explosivo »,L'Expresso, 25 novembre 1990, p. 127.] .
Plusieurs « spécialistes » de cette opération avaient un casier judiciaire chargé d'activistes anticommunistes et devaient être plus tard impliqués dans quelques uns des pires massacres que connut l'Italie. L'un d'entre eux était le journaliste et agent secret Guido Giannettini. Quatre ans plus tôt, il avait dirigé un séminaire à l'Académie navale américaine sur les « techniques et les perspectives de coup d'Etat en Europe ». Un autre était le fasciste notoire Stefano Delle Chiaie qui avait été, semble-t-il, recruté comme agent secret en 1960. Il avait organisé son propre groupe armé, connu sous le nom d'Avanguardia Nazionale (AN), dont les membres avaient commencé à s'entraîner aux tactiques terroristes en préparation du plan Solo [Christie, op. cité, pp. 26, 33.].
Le général De Lorenzo, dont le SIFAR était devenu le SID, eut tôt fait d'enrôler ces derniers ainsi que d'autres hommes de confiance dans un nouveau projet Gladio. Ils planifièrent la création d'une force parallèle secrète aux côtés des services gouvernementaux sensibles pour neutraliser les éléments subversifs qui n'avaient pas été encore « purifiés ». Connu sous le nom de SID parallèle, ses tentacules s'étendaient à presque toutes les institutions capitales de l'Etat italien. Le général Vito Miceli, qui fut ensuite à la tête du SID, déclara qu'il mis en place cette structure séparée « sur requête des Américains et de l'OTAN » [Ibid., pp. 35-36.].
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 03:31
7. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (des liens fraternels)
Deux anciennes et mystérieuses confréries internationales empêchèrent les programmes mal coordonnés de Gladio de se désagréger. Les chevaliers de Malte jouèrent un rôle formateur après la guerre (voir Les racines de Gladio), mais la franc-maçonnerie, à travers sa loge la plus fameuse en Italie, connue sous le nom de Propaganda Due, ou P2, était beaucoup plus influente. A la fin des années 1960, son « plus Vénérable Maître » était Licio Gelli, un chevalier de Malte qui avait combattu pour Franco avec les chemises noires de Mussolini. A la fin de la seconde guerre mondiale, Gelli fut menacé d'être exécuté par les partisans italiens pour sa collaboration avec les nazis, mais il y échappa en s'enrôlant dans le service de contre-espionnage de l'armée américaine [Willems, op. cit., p. 119.]. En 1950, il fut recruté par le SIFAR.
Après s'être imposé quelques années d'exil dans les cercles fascistes argentins [Au sujet des liens entre Gelli, la P2, et l'extrême droite argentine, voir Martin Andersen, Dossier Secreto : Argentina's Desaparecidos and the Myth of the « Dirty War »(Boulder, Colo., Westview Press, 1993), chapitres 10 et 20.], il se vit rappeler en Italie comme franc-maçon. Accédant rapidement au poste suprême, il commença en 1969 à fraterniser avec le général Alexander Haig, alors assistant d'Henry Kissinger, le chef de la sécurité nationale du président Nixon. Gelli devint l'intermédiaire principal entre la CIA et le SID de De Lorenzo, également franc-maçon et chevalier. Le premier ordre donné par la Maison Blanche à Gelli fut, semble-t-il, de recruter 400 représentants supplémentaires dans les hautes sphères italiennes et dans l'OTAN [SISMI Memo 446/R, cité par Roberto Chiodi, « Gelli and Kissinger», L'Espresso (Rome), 25 novembre 1990, p. 133.].
Pour aider à débusquer des dissidents, Gelli et De Lorenzo commencèrent à compiler des dossiers sur des milliers de personnes, y compris des législateurs et des ecclésiastiques[Willems, op. cit., p. 83.]. Peu d'années après, le scandale éclata quand une enquête découvrit 157 000 de ces fiches au SID, tous à la disposition de la défense et de l'intérieur [De Lorenzo, devant la Commission d'enquête, 1964, p. 69, cité par Willems, Ibid., p. 83.]. Le parlement ordonna que 34 000 fiches fussent brûlées, mais à ce moment-là, la CIA détenait des duplicatas pour ses archives[Faenza, op. cit., p. 316.].
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 03:33
8. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (des provocateurs d'extrême-droite)
DES PROVOCATEURS D'EXTREME DROITE
En 1968, les Américains ont commencé l'entraînement commando en bonne et due forme des gladiateurs sur la base sarde clandestine de l'OTAN. En quelques années, 4000 gradés ont été placés à des postes stratégiques. Au moins 139 caches d'armes, y compris dans les casernes des carabiniers, étaient à leur disposition [Willems, op. cit., p. 90 et Scalia, op. cit., p. 12.]. Pour inciter des jeunes gens à rejoindre cette aventure risquée, la CIA payait de hauts salaires et promettait que s'ils étaient tués, leurs enfants seraient éduqués aux frais des Etats-Unis [Scalia, op. cit., p. 30.].
Les tensions ont commencé à atteindre leur masse critique la même année. Tandis que les dissidents prenaient la rue partout dans le monde, en Italie, les occupations d'universités et les grèves pour des salaires et des retraites plus élevés furent éclipsées par une série de crimes politiques sanglants.
Le nombre d'actes terroristes s'éleva à 147 en 1968, grimpa à 398 l'année suivante, puis atteignit l'incroyable sommet de 2498 en 1978 avant d'aller en diminuant, en grande partie à cause d'une nouvelle loi encourageant les délateurs (les « repentis ») [Sénat américain, « Terrorism and Security ; the Italian Experience »,Report of Subcommittee on Security and Terrorism, novembre 1984, p. 62.]. Jusqu'à 1974, les poseurs de bombe d'extrême droite frappant aveuglément ont constitué la force principale derrière la violence politique.
La première explosion majeure eut lieu en 1969 à Milan, piazza Fontana ; elle tua 18 personnes et en blessa 90. Dans ce massacre et de nombreux autres, les anarchistes furent de commodes boucs émissaires pour les provocateurs fascistes qui cherchaient à en rendre responsable la gauche. Répondant à un tuyau téléphonique après le massacre de Milan, la police arrêta 150 anarchistes présumés et en fit même passer certains en justice. Mais deux ans après, un nouveau témoignage conduisit à la mise en accusation de plusieurs néo-fascistes et officiers du SID. Trois anarchistes innocents furent déclarés coupables, mais plus tard acquittés, tandis que les responsables de l'attentat ne furent pas punis par la justice italienne [Frédéric Laurent, L'Orchestre Noir (Paris, Editions Stock, 1978), p. 29, cité par Françoise Hervet, op. cit., pp. 30-31 ; et Willems, op. cit., pp. 102-104.].
Des liens concluants entre Gladio et la violence politique furent trouvés après qu'un avion eut explosé en vol près de Venise en novembre 1973. Le juge vénitien Carlo Mastelloni a établi que l'avion Argo-16 était utilisé pour envoyer des recrues et des munitions entre la base américaine en Sardaigne et les sites de Gladio dans le nord-est de l'Italie [Willems, op. cit., p. 90].
L'apogée de la terreur d'extrême droite fut atteint en 1974 avec deux massacres. L'un, un attentat à la bombe dans un rassemblement antifasciste à Brescia, tua 8 personnes et en blessa 102. L'autre fut une explosion dans le train Italicus près de Bologne, tuant 12 personnes et en blessant 105. A ce moment-là, le président Giovanni Leone, sans trop exagérer, résuma ainsi la situation : « Avec 10 000 civils en armes s'agitant dans tous les sens, comme d'habitude, je suis un président de merde. » [Franco Giustolizi, « Retrovie Parallele », L'Espresso, 18 novembre 1990, p. 15.]
A Brescia, l'appel initial à la police accusa aussi les anarchistes, mais le malfaiteur s'avéra être un agent secret du SID parallèle[Scalia, op. cit., p. 12.]. Un lien semblable fut aussi allégué dans le cas de l'Italicus. Les deux fascistes qui furent finalement reconnus coupables étaient membres d'un groupe clandestin de la police appelé les Dragons Noirs, selon le journal d'extrême gauche Lotta Continua [Christie, op. cit., p. 77.]. Leurs condamnations furent aussi annulées. Alors que dans cette affaire et dans d'autres, de nombreux gauchistes furent arrêtés et jugés, des fascistes ou des néo-fascistes étaient souvent les coupables, en lien avec des groupes de Gladio et des services secrets italiens. Ce qui reflète à quel point ces forces contrôlaient le gouvernement à travers le SID parallèle, c'est que presque tous les éléments d'extrême droite impliqués dans ces atrocités furent ensuite libérés. En 1974, la gauche armée commença à répondre à la terreur d'extrême droite. Elle était partisane d'attaques éclair ciblées par opposition aux attentats à la bombe commis au hasard de l'extrême droite. Les six années suivantes, les militants gauchistes, en particulier les Brigades rouges, réagirent par la vengeance, commettant beaucoup plus d'actes de violence politique que l'extrême droite[Willems, op. cit., p. 94]. L'Italie fut à deux doigts de la guerre civile pendant plusieurs années.
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9. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (fomenter des coups d'Etat)
Pendant ce temps, les groupes d'extrême droite étaient occupés à planifier des prises de pouvoir du gouvernement élu, avec l'encouragement actif d'officiels américains. Un document d'instructions de 1970 de 132 pages sur les « opérations de stabilité » dans les pays « hôtes » fit école. Il fut publié en tant que supplément B du manuel de campagne de l'armée américaine. Emboîtant le pas à des documents antérieurs du NSC [National Security Council (note du traducteur)] et de la CIA, le manuel expliquait qu' « une attention particulière devait être accordée à de possibles modifications de structure » si un pays ne se montrait pas suffisamment anticommuniste. Si celui-ci ne réagissait pas avec une « vigueur » adéquate, poursuivait le document, « des groupes agissant sous le contrôle des services secrets de l'armée américaine devaient être utilisés pour lancer des actions violentes ou non violentes, selon le cas de figure. » [Quand l'ambassade des Etats-Unis à Rome apprit que le document top secret allait être publié, elle déclara qu'une telle initiative serait « inopportune ». Après la publication, l'ambassade prétendit qu'il s'agissait d'un faux. Le texte intégral fut publié sous le titre « The Mysterious Supplement B : Sticking it to the “Host Country” », CovertAction, N° 3 (janvier 1979), pp. 11, 14-18. Mais Licio Gelli dit que la CIA lui en avait donné un exemplaire. BBC Special, « Gladio, Part III, The Foot Soldiers », 10 juin 1992.]
Avec des suggestions aussi incendiaires et des milliers de guérilleros préparés par les entraînements américains, les fascistes essayèrent de nouveau de prendre le pouvoir par la force en 1970. Cette fois-ci, le « Prince Noir » Borghese en fut l'instigateur. Cinquante hommes sous le commandement de Stefano Della Chiaie s'emparèrent du ministère de l'intérieur à Rome après y avoir été conduits de nuit par l'assistant du chef de la police politique Federico D'Amato. Mais l'opération fut abandonnée quand Borghese reçut un mystérieux coup de téléphone attribué par la suite au général Vito Miceli, le chef des services secrets militaires. Les conspirateurs ne furent pas arrêtés; au lieu de cela, ils repartirent après avoir volé 180 mitrailleuses [John Dinges et Saul Landau, Assassination on Embassy Row (Londres, Writers and Raeders, 1980), pp. 163, 170.].
La nouvelle de l'attaque resta secrète jusqu'à ce qu'un informateur ait filé un tuyau à la presse trois mois plus tard. A ce moment-là, les coupables s'étaient enfuis en Espagne. Bien que les meneurs fussent reconnus coupables en 1975, le verdict fut annulé en appel. Toutes les mitrailleuses sauf une avaient été restituées auparavant [Interview avec Jeff Bale, professeur/candidat au doctorat à l'Université de Californie].C'est dans ce contexte que les Etats-Unis décidèrent de faire encore une fois tout leur possible pour empêcher les communistes de se renforcer aux élections de 1972. Selon le rapport Pike, la CIA déboursa 10 millions de dollars pour 21 candidats, principalement des démocrates-chrétiens [Aaron Latham, « The CIA Report the President Doesn't Want You to Read “The Select Committee's Record” », Village Voice, 20 février 1976, p. 23. LeVoice réimprima en deux parties l'intégralité du rapport du House Select Committee on Intelligence, plus connu sous le nom de « Rapport Pike ».] Ce montant n'incluait pas les 800 000 dollars que l'ambassadeur Graham Martin, gravitant autour de la CIA, avait obtenu de la Maison Blanche par l'entremise d'Henry Kissinger pour le général Miceli [Ibid.]. Miceli eut à répondre plus tard d'inculpations pour la tentative de coup d'Etat de Borghese, mais, sur le même modèle, il fut disculpé.
La police déjoua une autre tentative de coup d'Etat la même année. Elle trouva une liste de coups et d'autres documents dévoilant l'existence de quelque 20 groupes subversifs qui formaient la structure du SID parallèle. Roberto Cavallero, un syndicaliste fasciste, était impliqué, tout comme l'étaient des généraux haut placés, qui dirent avoir obtenu l'approbation de l'OTAN et d'officiels américains. Dans un témoignage ultérieur, Cavallaro déclara que le groupe avait été mis en place pour rétablir l'ordre en cas de trouble. « Quand ces troubles n'éclatent pas [d'eux-mêmes] », dit-il, « ils sont fabriqués par l'extrême droite ». Le général Miceli fut arrêté, mais les tribunaux le libérèrent finalement, en déclarant qu'il n'y avait pas eu d'insurrection [Willems, op. cit., p. 107.].
L'extrême droite essaya à nouveau de renverser le gouvernement en 1974, avec l'imprimatur de la CIA et de l'OTAN, paraît-il. Son leader était Edgardo Sogno, l'un des combattants de la résistance les plus décorés d'Italie, qui avait formé un groupe dans le genre de Gladio après la guerre.Sogno, qui s'était fait de nombreux amis américains influents alors qu'il travaillait à l'ambassade d'Italie à Washington pendant les années 60, fut plus tard arrêté, mais, lui aussi, fut finalement disculpé [Phillip Willan, Puppetmasters (Londres, Constable & Co., 1991), pp. 107-109] .
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 03:38
10. Gladio: la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (le dénouement de Gladio)
LE DENOUEMENT DE GLADIO
Un triple meurtre à Peteano près de Venise en mai 1972 s'avéra central dans le dévoilement de Gladio. Le crime eut lieu quand trois carabiniers, en réponse à un coup de téléphone anonyme, allèrent contrôler une voiture suspecte. Quand l'un d'eux ouvrit le capot, tous trois furent déchiquetés par un engin piégé [Scalia, op. cit., p. 11.]. Deux jours plus tard, un appel anonyme impliqua les Brigades rouges, le plus actif des groupes révolutionnaires d'extrême gauche. La police rafla immédiatement pour les interroger 200 communistes présumés, des voleurs et des souteneurs, mais aucune charge ne fut retenue. Dix ans après, un courageux magistrat vénitien, Felice Casson, rouvrit l'affaire depuis longtemps en sommeil, pour apprendre seulement qu'il n'y avait pas eu d'enquête de police sur les lieux. Bien qu'il eût reçu une analyse falsifiée d'un expert en bombes des services secrets et qu'il eût été confronté à de nombreuses obstructions et délais, le juge remonta la trace des explosifs jusqu'à un groupe militant appelé Ordre Nouveau et à l'un de ses membres actifs, Vincenzo Guerra. Il avoua rapidement et fut condamné à vie. Il fut le seul poseur de bombes d'extrême droite jamais emprisonné [Marcella Andreoli, « Che Bomba di Esperto ! », Panorama (Milan), 18 novembre 1990, p. 44.].
Vinciguerra refusa de compromettre d'autres personnes, mais décrivit les faits dissimulés :
« Les carabiniers, le ministère de l'intérieur, les douanes et la brigade financière, les services secrets civils et militaires, tous savaient la vérité cachée derrière ces attaques, que j'étais responsable et tout cela en moins de 20 jours. Ils décidèrent donc, pour des raisons complètement politiques, d'étouffer l'affaire. »[BBC Special, « Gladio, Part II : the Puppeteers », 10 juin 1992.]
En ce qui concerne ses mobiles, Vinciguerra, fasciste convaincu, dit que son crime était « un acte de révolte contre la manipulation » du néo-fascisme depuis 1945 par toute la structure parallèle basée sur Gladio [Ibid.].Casson trouva par la suite assez de pièces à conviction pour impliquer les plus hauts officiels du pays. Dans ce qui était la première requête de ce type à un président italien, Casson demanda les explications du président Francesco Cossiga. Mais Casson n'en resta pas là ; il demanda aussi que d'autres officiels balayent devant leur porte. En octobre 1990, sous la pression de Casson, le premier ministre Giulio Andreotti en finit avec 30 ans de dénégations et décrivit Gladio dans le détail. Il ajouta que tous les premiers ministres étaient au courant de Gladio, bien que certains l'eussent ensuite nié [François Vitrani, « Gladio Revelations Put Sword at Heart of Italian Politics », Guardian Weekly (Manchester), 23 décembre 1990, p. 14].
Soudain, les Italiens eurent les clés de nombreux mystères, y compris la mort inexpliquée du pape Jean-Paul Ier en 1978. L'écrivain David Yallop mentionna dans cette affaire comme suspect Gelli, disant qu'il « dirigeait l'Italie à l'époque, pour toutes les questions pratiques. » [David A. Yallop, In God's Name (New York, Bantam, 1984), p. 314.]
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 03:49
11. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (Memento Moro)
MEMENTO MOROLe crime politique le plus choquant des années 70 fut peut-être l'enlèvement et l'assassinat du premier ministre Aldo Moro et de cinq de ses assistants en 1978. L'enlèvement eut lieu tandis que Moro était en chemin pour soumettre un plan de renforcement de la stabilité politique italienne, qui prévoyait l'entrée des communistes au gouvernement.
Des versions antérieures du plan avaient mis les officiels américains dans tous leurs états. Quatre ans avant sa mort, au cours d'une visite aux Etats-Unis en tant que ministre des affaires étrangères, Moro eut droit à la lecture de la loi contre les attroupements séditieux, par le secrétaire d'Etat Henry Kissinger et plus tard par un officiel des services de renseignements anonyme. Témoignant au cours de l'enquête sur son assassinat, la veuve Moro résuma leurs paroles menaçantes : « Vous devez abandonner votre politique consistant à conduire toutes les forces politiques du pays à collaborer directement... ou vous le paierez chèrement. » [Giuseppi Zupo et Vincenzo Marini, Operazione Moro (Milan, Franco Angeli, 1984), p. 280, cité par Willan, op. cit., p. 220.]
Moro fut si secoué par ces menaces, selon son assistant, qu'il tomba malade le jour suivant et coupa court à sa visite aux Etats-Unis, disant qu'il en avait fini avec la politique [Willan, op. cit., p. 220.]. Mais les pressions américaines se poursuivirent ; le sénateur Henry Jackson (district de Washington) lança un avertissement similaire deux ans plus tard dans une interview donnée en Italie [Ibid., p. 221.]. Peu avant son enlèvement, Moro écrivit un article qui répondait à ses détracteurs américains, mais décida de ne pas le publier [Ibid., l'article de Moro fut publié dansL'Unita (Rome), le 29 mai 1978, après sa mort.].
Durant ses 55 jours de captivité, Moro implora à maintes reprises ses pairs démocrates-chrétiens de céder au chantage, en acceptant l'échange de membres des Brigades rouges emprisonnés contre sa libération. Mais ils refusèrent, pour la plus grande joie des officiels de l'Alliance, qui voulaient que les Italiens jouent la carte de la fermeté. Dans une lettre retrouvée plus tard, Moro prédisait :
« Ma mort retombera comme une malédiction sur tous les démocrates-chrétiens, et ce sera le début d'un effondrement désastreux et irréversible de tout l'appareil du parti. » [Dario Fo et Franca Rame, « What Passion! What Generosity! What Corruption! », New York Times, 5 décembre 1993, p. A4.]
Pendant la captivité de Moro, la police prétendit de façon invraisemblable avoir interrogé des millions de gens et fouillé des milliers de résidences. Mais le premier juge à avoir enquêté sur cette affaire, Luciano Infelisi, dit qu'il n'avait aucun membre de la police à sa disposition. « J'ai mené cette enquête avec une seule dactylo, et pas même un téléphone dans mon bureau. » Il ajouta qu'il n'avait pas reçu d'information utile des services secrets durant cette période [Rapport de la commission Moro, 1983, pp. 68-69, cité par Willan, op. cit., p. 231]. D'autres magistrats instructeurs suggérèrent en 1985 que l'une des raisons de l'inaction était que tous les officiers les plus importants impliqués étaient membres de la P2 et agissaient donc sur l'ordre de Gelli et de la CIA [Chiodi, op. cit., p. 134. La profonde implication de la police dans le terrorisme devint particulièrement claire après un témoignage devant une commission d'enquête en 1983. Le colonel de l'armée Amos Spiazzi rappela qu'en 1970 il avait rencontré accidentellement deux officiers des carabiniers en train de préparer une bombe près de Bolzano, une ville du nord de l'Italie. Il les arrêta et avertit son poste. Cependant, alors qu'il les y conduisait, il fut intercepté par des membres de la police nationale et municipale, qui emmenèrent ses prisonniers. Il fut ensuite transféré à un poste éloigné. Scalia, op. cit., p. 12.].
Bien que le gouvernement ait finalement arrêté et condamné plusieurs membres des Brigades rouges, nombreux furent ceux dans la presse et au parlement qui continuèrent à se demander si le SID n'avait pas organisé l'enlèvement après avoir reçu des ordres venant d'encore plus haut. Les soupçons se tournèrent naturellement vers les Etats-Unis, et particulièrement Henry Kissinger, bien qu'il ait nié un quelconque rôle dans le crime. A travers Gladio et la Mafia, Washington disposait de l'appareil parfait pour accomplir une telle action sans laisser de traces.
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 03:50
12. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (L'infiltration des Brigades rouges)
L'INFILTRATION DES BRIGADES ROUGES
Que les Brigades rouges aient été infiltrées minutieusement pendant des années à la fois par la CIA et les services secrets italiens n'est plus contesté. Le but de cette opération était d'encourager la violence des milieux extrémistes de gauche pour discréditer la gauche dans son ensemble. Les Brigades rouges étaient un repoussoir parfait. Avec un radicalisme à toute épreuve, ils considéraient que le parti communiste italien était trop modéré et l'ouverture de Moro trop compromettante. Les Brigades rouges travaillaient en contact étroit avec l'école de langues Hypérion à Paris, sans réaliser qu'elle avait des liens avec la CIA. L'école avait été fondée par trois pseudo-révolutionnaires italiens. L'un d'eux, Corrado Simioni, avait travaillé pour la CIA à Radio Free Europe [Willan, op. cit., pp. 189,190. Le rôle de l'école de langues Hypérion correspond à la description, faite par le procureur Pietro Calogero, d'une structure de commandement terroriste imposant le cours suivi par la violence politique en Italie.]. Un autre, Duccio Berio, a admis avoir transmis au SID des informations sur les groupes gauchistes italiens [Ibid., p. 197.]. Hypérion ouvrit un bureau en Italie peu de temps avant l'enlèvement et le referma quelques mois plus tard. Un rapport de police italien déclara qu'Hypérion « avait pu être le plus important bureau de la CIA en Europe. »[Ibid., pp.190-98.] Mario Moretti, un de ceux qui avait la charge pour les Brigades rouges de se procurer des armes et des contacts avec Paris, réussit à échapper à l'arrestation dans l'affaire Moro pendant trois ans en dépit du fait qu'il avait conduit personnellement l'enlèvement [Ibid., pp.190-92].
Le magistrat de Venise Carlo Mastelloni conclut en 1984 que les Brigades rouges avaient reçu pendant des années des armes de l'OLP [Carlo Mastelloni, « Sentanza-Ordinanza », (Venise, 1989), p. 412, cité par Willan, op. cit., p. 196.] . Mastelloni écrivit : « l'accord de facto conclu entre les USA et l'OLP au niveau des services secrets fut considéré comme ayant un rapport avec la présente enquête sur les relations entre les Brigades rouges et l'OLP. » [Carlo Mastelloni, op. cit., p. 508 ; cité par Willan, op. cit., p. 196.] Un spécialiste de Gladio, Philipp Willan, conclut que « l'accord de fourniture d'armes entre l'OLP et les Brigades rouges faisait partie de l'accord secret entre l'OLP et la CIA. » [Willan, op. cit., pp. 196-97.] Ses recherches indiquent que l'accord supposé entre la CIA et l'OLP fut passé en 1976, un an après que les Etats-Unis s'engagèrent auprès d'Israel à ne plus entretenir de contacts politiques avec l'OLP.
Au moment de l'enlèvement de Moro, plusieurs chefs des Brigades rouges étaient en prison, ayant été livrés par un agent doubleaprès qu'ils eurent enlevé un juge. Selon le journaliste Gianni Cipriani, un de ceux qui furent arrêtés avait sur lui des numéros de téléphone et des notes personnelles menant à un membre haut placé du SID, qui s'est ouvertement vanté d'avoir des agents au sein des Brigades rouges. D'autres trouvailles fascinantes incluent la découverte dans les caches des Brigades rouges d'une imprimerie qui avait appartenu auparavant au SID ainsi que des tests balistiques montrant que plus de la moitié des 92 balles tirées sur les lieux de l'enlèvement étaient similaires à celles des stocks de Gladio [BBC Special, « Gladio, Part III », op. cit.].
Plusieurs personnes ont relevé qu'il était invraisemblable que les Brigades rouges aient pu mener à bien un tel enlèvement de type militaire, sans difficulté, dans le centre de Rome. Alberto Franceschini, un membre emprisonné des Brigades rouges, a dit : « Je n'ai jamais pensé que mes camarades à l'extérieur étaient capables de mener à bien une opération militaire complexe (...) Nous nous souvenions de nous-mêmes comme d'une organisation formée de jeunes gars inexpérimentés. » [Ibid.] Deux jours après le crime, un officier des services secrets déclara à la presse que les criminels semblaient avoir reçu un entraînement spécial de commando [Willan, op. cit., pp. 156.].
Quand les lettres écrites par Moro furent plus tard retrouvées dans une cache des Brigades rouges à Milan, les enquêteurs espérèrent qu'elles révèleraient des preuves capitales. Mais Francesco Biscioni, qui a étudié les réponses faites par Moro à ses ravisseurs, a conclu que d'importants passages avaient été supprimés quand ils furent retranscrits. Néanmoins, dans un passage non censuré, Moro s'inquiétait de ce que « les relations harmonieuses d'Andreotti avec ses collègues de la CIA » pourraient affecter son sort [Ibid., p. 130.].
Les deux personnes qui en savaient le plus sur les lettres de Moro furent assassinées. Le général des carabiniers en charge de l'antiterrorisme, Carlo Alberto Della Chiesa, fut muté en Sicile et victime d'un assassinat de type mafieux en 1982, quelques mois après avoir soulevé des interrogations au sujet des lettres manquantes [Ibid., p. 286.]. Le journaliste franc-tireur Mino Pecorelli fut assassiné dans une rue de Rome en 1979 un mois seulement après avoir rapporté qu'il avait obtenu une liste de 56 fascistes livrés à la police par Gelli [Ibid., p. 86.]. Thomas Buscetta, un informateur de la mafia sous le statut de témoin protégé aux Etats-Unis, accusa Andreotti d'avoir ordonné les deux assassinats de peur d'être démasqué [Alan Cowell, « Italy Re-examines 1978 Moro Slaying », New Ork Times, 13 novembre 1993, p. A13.]. Mais l'année dernière, une enquête conduite par ses pairs n'a trouvé aucun fondement à des poursuites contre le premier ministre. Della Chiesa et Pecorelli ne furent que deux parmi les nombreux témoins, possibles ou avérés, assassinés avant d'avoir pu être interrogés par des juges que Gladio n'auraient pas corrompus [Parmi les autres, figuraient un suspect dans l'attentat à la bombe de Brescia, qui fut exécuté par des compagnons de cellule en 1981, et un supect dans l'attentat à la bombe de Bologne, qui fut tué par les mêmes prisonniers l'année suivante. Un autre témoin de Bologne fut mortellement blessé en Bolivie en 1982 avec l'aide de la CIA. Willan, op. cit., p. 136.]. Le président Cossiga, ministre de l'intérieur quand Moro fut tué, déclara à la BBC : « La mort d'Aldo Moro pèse encore lourdement sur les démocrates-chrétiens ainsi que la décision que je pris de le sacrifier dans les faits pour sauver la République, ce qui me fit des cheveux blancs. » [BBC Special, « Gladio, Part III », op. cit.]
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 08:16
13. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (l'attentat à la bombe de la gare de Bologne)
L'ATTENTAT A LA BOMBE DE LA GARE DE BOLOGNE
Suite à la formidable explosion de la gare de Bologne, deux ans après la mort de Moro, nombre d'Italiens auraient pu se faire des cheveux blancs - non seulement à cause du macabre bilan de 85 morts et 200 blessés mais aussi de l'inertie des autorités qui s'ensuivit. Bien que les magistrats instructeurs aient suspecté des néofascistes, ils furent incapables d'émettre des mandats d'arrêt crédibles pendant plus de deux ans, à cause de fausses informations fournies par les services secrets. A cette époque, parmi les cinq principaux suspects, dont deux avaient des liens avec le SID, tous sauf un avaient décampé du pays [Interview avec Jeff Bale, 21 mars 1994.]. Les explosifs T4 trouvés sur les lieux étaient identiques au matériel de Gladio utilisé à Brescia, Peteano et dans d'autres attentats à la bombe, selon la déposition d'un expert devant le juge Mastelloni [Giustolizi, op. cit., p. 14.].
Au procès, les juges mentionnèrent la « stratégie de la tension et ses liens avec les “puissances étrangères”. » Ils découvrirent aussi la structure civile et militaire secrète liée aux groupes néofascistes, à la P2 et aux services secrets [Willems, op. cit., p. 116.]. Bref, ils découvrirent la CIA et Gladio.
Mais leurs efforts pour rendre une justice véritable dans l'attentat à la bombe de Bologne ne menèrent à rien car, en 1990, la cour d'appel acquitta les « cerveaux » présumés. Gelli, la tête de la P2, fut relâché, de même que deux chefs des services secrets dont les condamnations pour parjure furent annulées. Quatre gladiateurs reconnus coupables de participation à bande armée gagnèrent aussi leurs procès en appel. En cela, Peteano fut la seule affaire majeure d'attentat suivie d'une condamnation du véritable poseur de bombe, grâce aux aveux de Vinciguerra.
Les désolantes minutes judiciaires de ces crimes monstrueux démontrèrent à quel point le réseau Gladio contrôlait l'armée, la police, les services secrets et les principaux tribunaux. Grâce à la P2, et à ses 963 frères bien placés [Ibid., p. 119. Quand la police découvrit la liste des membres en mars 1981, Gelli s'enfuit du pays. Il fut plus tard extradé de Suisse pour figurer au procès de l'attentat à la bombe de la gare de Bologne. Willan, op. cit., p. 209.] , la collusion s'étendait aussi aux plus hauts niveaux des médias et des affaires.
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 04:00
14. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (le bilan de Gladio)
LE BILAN DE GLADIO
Cependant, au début des années 1980, il y avait suffisamment d'empreintes digitales de la CIA dans les dossiers judiciaires pour provoquer un puissant sentiment anti-américain. C'est ainsi qu'en 1981 les bureaux de trois firmes américaines à Rome furent les cibles d'attentats à la bombe et qu'en 1982 les Brigades rouges enlevèrent James L. Dozier, un général américain attaché àl'OTAN, le désignant comme « un homme de main yankee »[Département d'Etat américain, 28 janvier 1982.]. Il fut libéré cinq semaines plus tard par des commandos de la police, avec l'aide,semble-t-il, de relations mafieuses de la CIA [« Fat Man, Tailor, Soldier, Spy », Time, 28 février 1983, pp.32-33.]. Pourtant, le préjudice causé à l'image des Etats-Unis par ces révélations aura été remarquablement limité au regard de ce qu'ils firent subir à la société et au gouvernement italiens pendant cinquante ans au nom de l'anticommunisme.
L'ultime prédiction de Moro se vérifia. Au lieu de renforcer les partis du centre, Gladio, avec le concours des affaires de corruption, les détruisit. Au lieu de détruire la gauche, les révélations de Gladio les aidèrent à prendre le contrôle de villes majeures tout en conservant le tiers des sièges au parlement. Au début des années 1980, les Brigades rouges furent anéanties, mais les principaux instigateurs du terrorisme d'extrême droite - la Mafia et les néofascistes - restèrent actifs [Y compris, en l'occurrence, l'attentat à la bombe dans un train, à la sortie de Bologne dans le même tunnel que dix ans auparavant, tuant 15 personnes et en blessant 267, ainsi que les attentats à la bombe de 1993 contre des symboles culturels à Rome et à Florence, attentats qui causèrent la mort de 11 personnes et firent 98 blessés de plus.].
Le bilan en conduisit certains à mettre en question les fondements tout entiers de l'engagement américain en Italie, notamment en ce qui concernait la « menace communiste ». Selon Phillip Willan, qui a écrit le livre majeur sur le terrorisme italien : « Les Etats-Unisont constamment refusé d'admettre l'adhésion croissante et sans réserve du parti communiste italien aux principes de la démocratie occidentale, et celui-ci comme alternative valable aux partis généralement corrompus et incompétents qui avaient gouverné l'Italie depuis la guerre. S'ils l'avaient fait, une bonne partie des carnages résultant de la stratégie de la tension aurait pu être évitée. » [Willan, op. cit., p. 28.]
Willan en vient à se demander « si les représentants des services secrets américains et italiens n'avaient pas délibérément exagéré la menace communiste pour accroître leur pouvoir et se donner une plus grande liberté de manoeuvre. » [Ibid., p. 353.]
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 04:04
15. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (les leçons de Gladio)
LES LEÇONS DE GLADIO
Aussi longtemps que le public américain sera tenu dans l'ignorance de cette page sombre de la politique étrangère américaine, les services secrets responsables ne subiront qu'une faible pression pour amender leurs façons de faire. La fin de la guerre froide a apporté des changements massifs dans les autres pays, mais à Washington presque rien n'a changé. Dans une formule ironique, une taupe avouée de la CIA, Aldrich Ames, a soulevé la question élémentaire de savoir si les Etats-Unis avaient besoin de dizaines de milliers d'agents à travers le monde, travaillant d'abord dans et contre les pays « amis ». « Les Etats-Unis, ajouta-t-il, attendent toujours un véritable débat national sur les moyens et les fins - sans oublier les coûts - de notre politique nationale de sécurité. » [Aldrich H. Ames, « Spy Express Regret, Anger », Washington Post, 29 avril 1994, p. A7.]
Le nouveau gouvernement italien s'est vendu comme la révolution de tous ceux qui, de fait, étaient privés de leurs droits électoraux, comme une rupture claire avec le passé. Mais les fascistes sont de retour et gagnent du terrain. Le parti anti-mafia a été rejeté et les grands cartels ont resserré leur emprise sur l'économie. Le frère Berlusconi de la P2 continue à abuser de la peur des communistes héritée de la guerre froide. Les auteurs de Gladio sont toujours impunis et les « experts » de Washington entretiennent la crainte de toujours plus de terrorisme [Par exemple, le séminaire du 8 avril 1994 à l'Institut Caton de Washington : « Italy : Paradigm for a Post-Welfare-State World ? », où l'ami proche de Berlusconi, Stan Burnett, du groupe de réflexion de droite Center for Strategic and International Studies, souleva le spectre de nouvelles attaques terroristes.] : il semble que les affaires continuent en Italie.
PUBLIÉ PAR JULES BONNOT DE LA BANDE À 04:05
16. Gladio : La guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (les racines de Gladio)
LES RACINES DE GLADIOLes politiques qui devaient être élaborées au sein de Gladio virent le jour pendant la seconde guerre mondiale, quand les phobies anticommunistes américaines se combinèrent avec les peurs géopolitiques d'une URSS victorieuse pour déclarer une guerre sainte contre la gauche. Le sentiment selon lequel « la fin justifie les moyens » à l'intérieur du gouvernement américain, et plus particulièrement de l'Office of Strategic Services (OSS), encouragea la création de programmes « Stay Behind » à travers l'Europe occidentale, officiellement en tant que première ligne de défense en cas d'invasion soviétique.
Mais la préoccupation principale était liée à la politique intérieure. La grande peur des Américains au sujet de l'Italie était que les partisans communistes qui combattaient au Nord ne rejoignissent les organisations ouvrières pour porter la gauche au pouvoir. L'OSS et ses successeurs étaient apparemment préparés à prendre n'importe quelle mesure pour prévenir cet évènement, y compris l'assassinat politique, le terrorisme, et des alliances avec le crime organisé. Selon un mémorandum de l'OSS à Washington, les Etats-Unis semblaient soutenir un plan monarchiste qui consistait à se servir de « tueurs fascistes » pour commettre des actes de terreur et en rejeter la responsabilité sur la gauche [OSSMemorandum 99642, 24 octobre 1944.]. L'engagement américain dans la politique italienne commença en 1942, quand l'OSS fit pression avec succès sur le ministère de la justice pour faire libérer de prison le gangster Charles « Lucky » Luciano. En échange de sa libération anticipée, Luciano accepta de nouer des contacts avec ses copains de la Mafia pour faciliter l'accès à l'invasion américaine de la Sicile en 1943 [U.S. Senate Special Committee, Hearings on Organized Crime, Part. 2, 1951, p. 1181.].
L'accord passé par Luciano forgea une alliance à long terme entre les Etats-Unis et la Mafia internationale. Il jeta les bases d'une coopération entre les services secrets américains et des organisations criminelles internationales impliquées dans les trafics d'armes et de drogues. Le parrain de l'accord était Earl Brennan, chef de l'OSS pour l'Italie. Avant la guerre, il avait servi à l'ambassade des Etats-Unis, utilisant sa couverture diplomatique pour établir des contacts avec la police secrète de Mussolini et des fascistes haut placés [R. Faenza et M. Fini, Gli Americani in Italia(Milan, Feltrinelli, 1976), p. 8].
L'Eglise catholique coopéra aussi. Les liens américains avec le Vatican étaient déjà substantiels ; et l'un des liens les plus forts était une fraternité secrète, l'Ordre Militaire Souverain de Malte basé à Rome, et qui remonte à la première croisade. Le dirigeant de l'OSS William « Wild Bill » Donovan en était membre. De même d'autres officiels américains de haut rang, y compris Myron Taylor, envoyé américain au Vatican de 1939 à 1950, et William Casey, un espion de l'OSS qui parvint à la tête de la CIA sous Reagan. Le chef de l'OSS pour l'Italie, Brennan, eut des contacts dès 1942 avec le sous-secrétaire d'Etat du Vatican, Gian Battista Montini, qui devint le pape Paul VI en 1963 [Frédéric Laurent,L'Orchestre Noir (Paris, Editions Stock, 1978), p. 29, cité par Françoise Hervet, « Knights of Darkness : The Sovereign Military Order of Malta », CovertAction, N° 25, p. 31.].
L'un des éminents espions de l'OSS était James Jesus Angleton, qui deviendra le légendaire et paranoïaque chef du contre-espionnage de la CIA. Angleton s'appuya sur des relations familiales et d'affaires en Italie, pour jeter les bases de Gladio, en formant et en finançant un réseau clandestin d'Italiens d'extrême droite qui partageaient son style féroce, enthousiaste et naïf [David Wise,Molehunt (New York Random House, 1992), p. 40.]. Les groupes paramilitaires étaient remplis d'anticommunistes fervents prêts à entrer en guerre contre la gauche. Il aida aussi des criminels de masse nazis/fascistes tels que Junio Valerio Borghese, le Prince Noir ; il échappa à la justice à la fin de la guerre [Peter Tompkins,Mondo's Men, manuscrit inédit.].
Les officiels américains s'inquiétaient de ce que les communistes et les socialistes pussent joindre leurs forces après la bataille. La prise de pouvoir communiste en Tchécoslovaquie en 1948 augmenta leurs craintes. En conséquence, les Etats-Unis fabriquèrent différents plans pour manipuler la politique italienne. Angleton, qui à la fin de 1948 avait été promu assistant spécial du directeur de la CIA, l'amiral Roscoe Hillenkoetter, utilisa les 20 000 comités civiques du Vatican pour mener une guerre psychologique contre les influences communistes, en particulier dans les syndicats [State Department Memorandum n° 866 5043, 16 septembre 1948, cité par Faenza et Fini, op. cit., p. 320.].
Le National Security Council (NSC), qui venait d'être créé, entra également en lice : « Si le Parti communiste gagne l'élection [1948] », conseilla le NSC, « une telle agression devrait immédiatement être contrecarrée par étapes pour étendre la disposition stratégique des forces armées américaines en Italie. » [National Security Council Order 1/1, 14 novembre 1947.] Les communistes ne remportèrent pas cette élection essentielle (pas davantage qu'aucune de celles qui suivirent). Mais cela ne mit pas un frein à la tentative américaine de détruire la gauche. Le coût total de ces activités (et de divers programmes d'aide) pour les contribuables américains s'éleva à 4 milliards de dollars de la fin de la guerre à 1953 [U.S. Joint Chiefs of Staff Memorandum, 14 mars 1952, cité par Willems, op. cit., p. 80, note 21.]. Et ce n'était que le début de l'assaut américain contre la souveraineté italienne.
1. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (presentation)
The investigation of journalist Arthur Rowse, Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy , published in 1994, was a landmark. It was the first detailed description of Gladio, the Italian network of stay-behind , the clandestine structure of NATO in an American publication. This feature article has not been translated into French. It seemed interesting to fill this gap. The point of view of Rowse is the American liberal progressivism. He understands that Gladio was eventually destroyed the center parties instead of strengthening reinforced and those on the left instead of destroying it underestimates its success deeper. The strategy of tension has, through the spectacle of terrorism manipulated, extreme left or extreme right, to put a halt to the slow shift from Italy to a social revolution, driven by the current those who escaped and were opposed to the bureaucratic management, labor and politics.However, Rowse, who has a good knowledge of the unspeakable below U.S. foreign policy, highlighted the dimension international years of lead in Italy, aspect generally neglected by the most advanced social criticism. And when some authors have referred to this dimension, they are sometimes lost on the wrong track a fantasy manipulation of Italian politics by the secret services of various Stalinist regimes. In 1980, Gianfranco Sanguinetti had refuted this lure:
"[Some] scholars employees, Scalfari to Bocca, reason (...) fraudulently when, while accepting as I have demonstrated that the BR strategy aims inter alia to prevent the arrival of PCI in power, they This result not of dislike that party raises in some sectors of Italian capitalism and intelligence, but the Stalinist Soviet aversion to their Italian counterparts. Our small-time thinkers therefore conclude that Moro was kidnapped with the support of the KGB and Czechoslovak secret services. Italian capitalists, the military and officials SISDE, SISMI, the CESIS, the DIGOS and UCIGOS [ Acronyms some intelligence officials in Italy ] and Carter would be pleased to see the government PCI in Italy, but it is unfortunately not possible because the Russians and the KGB did not want: what bad luck! If behind the Moro case there is the KGB, which is behind the couillonnades Bocca and Scalfari? Is it possible they are hoisted to such heights by their own strength?
Anyway, this strange and stupid theory that the untimely Pertini [ seventh President of the Italian Republic from 1978 to 1985 ] hastened to endorse afterwards, clearly serves to reassure the bad conscience of all those who want to believe that State, since it is at war with terrorism, can not lead "( From Terrorism and the State ).
Some continue to support this "strange and stupid theory" (developed for example in the Red Brigades: The Secret History of BR told by their founder , the work also providing interesting information). Rowse, however, shows how terrorism manipulated results from the aversion of some sectors of Italian capitalism and the Italian secret services and the U.S. , and more importantly, how the United States and Italy have acted together at the end of after the war, to avert a danger red obsessive. From this point of view, the years of lead are the culmination of a long process against COIN implemented with consistency Machiavellian.
[For ease of reading, we divide the survey into five parts. Thanks to NOT BORED! who sent us the original version of the article Rowse complete notes.]PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:13
2. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (Introduction)
In January, Silvio Berlusconi appeared on the turbulent Italian political scene mounted on a white horse. Income voters were old centrist leaders dragged through the mud due to massive corruption scandals. While crucial parliamentary elections scheduled to take place two months later and it was likely that the left parvinsse to power for the first time since the Second World War [The main players in the Italian political system since the end of World War II were the Christian Democrats and the Socialists in the center, the Italian Communist Party on the left, and a handful of smaller parties on the right. In the 1994 elections, Forza Italia , Berlusconi created by, is combined with neo-fascist National Alliance and the separatist Northern League to defeat the coalition led by the Communist Party, renamed the Democratic Party left. It was a distant third position remains the centrist coalition. The 1994 elections were the first in which the Italians could vote for a coalition.] , the billionaire businessman entered the lists with the right candidates who had never exercised any charge. Helped by the disgust of voters and with the assistance of leading companies in the media industry, the coalition led by Berlusconi prevailed widely, avoiding the anticipated victory of the left. This triumph hoisted the right, including neo-fascists , to new heights since the end of the war [See, eg, Alan Cowell, "Italy's Neofascists Get 5 Cabinet Seats in New Government," New York Times , 11 May 1994 pp. A1-A5.] . however, real change seemed unlikely because Berlusconi reproduced the old policy under various names and with new slogans. Berlusconi himself was fed by the system and owed much of its success to Bettino Craxi , one former Prime Minister socialist brought before the courts for corruption on the day after the election in March. It did not take long for the operation "clean hands" to do the right upstage by the outstretched arms of fascist salutes and cheers to the Duce.
's rapid ascent Berlusconi vain to most observers by surprise The scene had been set up by almost 50 years of U.S. interference in Italian politics. On behalf of the fight against communism, the United States helped fuel a level of political turmoil that sometimes grazed civil war.U.S. officials and their Italian counterparts took control of key policy bodies, at times reducing the Italian democracy to be nothing more than a testing ground for aggressive tactics of the CIA and the White House. Clandestine campaign, known under the name Gladio (which owes its name to a Roman sword double-edged) was officially recognized for the first time in 1990, when it ended.
(This and the following text was translated from American by us.)
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:15
3. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (The importance of Gladio)
THE IMPORTANCE OF GLADIO
The Italians had seen many signs over the years showing that the centrist parties (the Christian Democrats and Socialists) were favored and controlled to some extent by Washington. But it is only when the Italian government officially admitted in 1990 that the ruling coalition began to crumble, ready to be reduced to pieces two years later by corruption scandals. The amazing story of Gladio, which continues to make headlines in Europe, was mentioned just in the United States, where many of its dark pages remain secret.
In Italy, the program was directed against the Communist threat not hold any insurrection or fail to share power through the ballot box.However, an insurrection was unlikely, since almost all positions in the bureaucracy were busy after the war by anti convinced Veterans of Mussolini, with the approval of the Allies.
During the war, most Americans considered themselves heroes who liberated Western Europe from the brutality of his Nazi and Fascist leaders. However, it was not long after the American landing on Italian soil for the liberators are soiled. While some agents of the OSS [Office of Strategic Services, or the Office of Strategic Services, an intelligence agency of the government of the United States (translator's note)] worked with antifascists to help lay the groundwork for a Italian democracy, many of those who were still higher in the scale conspired with supporters of Mussolini or the former king to stop them [Peter Tompkins, Mondo's Men , unpublished.] .
CIA denied any relationship with Gladio , although many European secret services had recognized their own participation. But enough information has emerged to show that the CIA had sponsored and financed a large part of terrorism and disruptions that have plagued Italy for nearly half a century. Among other things, the U.S. government:- forged alliances with the Mafia and secret elements of the extreme right of the Vatican to prevent left play any role whatsoever in the government;
- recruited former police paramilitary groups Mussolini secretly financed and trained by the CIA, to fight Soviet appearance, but in truth to conduct terrorist attacks that would be charged to the left;
- expanded the range of psychological warfare tactics including feeding with millions of slush funds for political parties, journalists and other influential relationships to guide the parliamentary elections at the expense of the left;
- created a secret parallel government structure linked to the CIA whose "assets" have tried several times to overthrow the elected government;
- and targeted the Prime Minister Aldo Moro, who was later kidnapped and murdered in mysterious circumstances after proposing to bring the communist cabinet.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:16
4. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (Coverage secret NATO)
COVER SECRET NATO
Treaty Organization North Atlantic Washington has provided coverage for its operations in the post-war Italy. A secret clause in the initial NATO agreement required before a nation to join her, she had to have already established a national security authority to fight communism through clandestine executives of the nation. This clause "Stay Behind" turned into a secret committee set up at the insistence of the United States to the Atlantic Alliance, the forerunner of NATO. The Organization also required each of its members to send delegates to the biannual meetings on the subject [Jan Willems, Gladio (Brussels, record EPO, 1991), p. 148-52; interview with Lord Carrington, Newsweek , April 21, 1986.] .The U.S. authority manifested itself, on such occasions, in the form of a continuous stream of presidential directives transmitted through the National Security Council. In December 1950, the Council gave carte blanche to the army to make use of force in an "appropriate", even if the Communists were able simply to "participate" in government by legal means, or " threatened to take control, "or" if the government did more to demonstrate its determination to oppose communist threats, internal or external. " [Council Directive National Security 67/2, 29 December 1950.]
The CIA helped the Italian police to establish squads often composed of veterans of Mussolini's secret police [R. Faenza and Fini, Gli Americani in Italia (Milan, Feltrinelli, 1976), p. 320] . Squads received intensive training in espionage and against espionage, against communists and others who were perceived as enemies of the status quo. The plan to make use of "exceptional measures" had been put together by the French secret service highly militarized, National Security, which had been so hard with the Communists that some of them were refugees in other country [ Ibid. ] .The newly formed intelligence agency, the SIFAR [ Servizio Informazioni Forze Armate (translator's note)] , launched its first operations in September 1949, under the direction of an undercover American, Carmel Offie, nicknamed "the godfather" by Italian [Willems, op. cit. , p.78.] . The interior minister, Mario Scelba was at the head of this operation. At the same time, Scelba ran a brutal, murdering hundreds of workers and peasants who sought to improve their condition after the war [Roberto Giammanco, letter to Edward Herman, June 24, 1991.] .
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:20
5. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (Operation demagnetize)
OPERATION demagnetize
Once the Italian secret services under their control, the Americans then expanded their scope under the code name Operation demagnetize and are connected to a network of existing frameworks in northern Italy.In 1951, the Italian secret services agreed to formally establish a clandestine organization within the military to coordinate with managers from the north. In 1952, SIFAR received secret orders from Washington to conduct "a series of political operations, paramilitary and psychological to reduce the power of the Italian Communist Party, its material, and its influence on the government. This goal must be achieved by all means. " [ U.S. Joint Chiefs of Staff Memorandum, March 14, 1952, quoted by Willems, op.cit., p. 80, note 21. ]
The operation marked the hardening demagnetize institutional Gladio. A historian of the State Department described it as a "stabilization strategy" [See James Edward Miller, The United States and Italy , 1940-1950: The Politics and Diplomacy of Stabilization (University of North Carolina Press, Chapel Hill, 1986)]. although it can describe more precisely as a strategy of destabilization. From the beginning, this offensive was secretly directed and funded by the U.S. government. In 1956, this arrangement was formalized in a written agreement, which used the name "Gladio" for the first time. According to documents from 1956 released in Italy in 1990, Gladio was divided into independent cells coordinated among themselves a CIA camp in Sardinia. These "special forces" included 40 main groups. 10 groups specialized in sabotage, 18 (3x6) in espionage, propaganda, evasion tactics and flight and 12 in guerrilla actions. Another division led the training of agents and commandos. These "special forces" had access to weapons caches, where there were guns, grenades, explosives, sophisticated, daggers, 60 mm mortars, machine guns and 57-millimeter precision weapons [Marco Scalia, "Operazione Gladio" Avvenimenti , November 7, 1990, p.11.] .
In 1956, General Giovanni De Lorenzo was appointed to head the SIFAR on the recommendation of U.S. Ambassador Claire Boothe Luce States, women of staunchly anti editor of Time [Willems, op. cit ., p. 82.] . A leading player was now in place Gladio. In 1962, the CIA helped place De Lorenzo at the head of the national police (carabinieri), while it maintained effective control over the secret services.
Gen. took him 17 lieutenants to eliminate officers sufficiently engaged right . This was the first step towards an attempted coup d'état extreme right, with the U.S. military attaché Vernon Walters to his head. That same year, in a memorandum to De Lorenzo, Walters suggested types of interventions designed to provoke a national crisis, the obstruction to a center-left coalition, making schisms among the socialists, and funding forces favorable to status quo [ Ibid ., p. 84.] .
Meanwhile, according to CIA files found in Rome in 1984, the bureau chief of the CIA William Harvey began to recruit "action groups" from a list of 2,000 people "capable of launching bombs, conducting attacks, while supporting these actions an indispensable propaganda" [Roberto Faenza, he Malaffare (Milan, Mondadori, 1978), p. 70, quoted by Willems, op. cit ., p. 85.] . These groups had the opportunity to show their talents in 1963 as part of an anti-union offensive. Gladiators trained by the Americans, dressed as policemen and civilians attacked construction workers peacefully demonstrating in Rome, 200 of them wounded and devastated much of the city. A former secret service made the link with Gladio in later testimony [Scalia, op. cit. , p. 11.] .
Lieutenant-Colonel of SIFAR, Enzo Rocca, also led to the coup in preparation, a civilian militia composed of ex-soldiers, paratroopers and members of the military organization of the "Black Prince "Junio Valerio Borghese, the Decima MAS (Tenth Torpedo Boat Squadron) [M.Sassano, SID e Partito Americano (Venice and Padua, Marsilio, 1975), p .. 75-76, quoted by Willems, op. cit. , p. 85.] . President Antonio Segni know, it seems this plan, which was to culminate in the assassination of Prime Minister Aldo Moro, finding themselves in the crosshairs because he had not been tough enough with Communists [Stuart Christie, Stefano Delle Chiaie: Portrait of a "Black" Terrorist (London, Refract Publishers, 1984), p. 24)] .
takeover The long-planned, later known as the Solo Plan, failed in March 1964, the key carabinieri involved remaining in their neighborhoods. As the ensuing investigation were to examine Rocca on the attempted coup, he committed suicide, it seems, perhaps to fulfill the oath of silence is to Gladio. After officials had determined that state secrets were involved, three surveys floundered and failed to identify the guilty accomplices [Willems, op. cit. , p. 85.] .
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:27
6. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the strategy of tension)
THE STRATEGY OF TENSION
Despite the failure of Plan Solo, the CIA and the Italian right had largely succeeded in creating the clandestine structures under operation demagnetize. Therefore, the conspirators strove to renew the offensive against the left.
To win the support of intellectuals, organized secret services in the luxurious Parco dei Principi in Rome in May 1965, a conference devoted to the "study" of "revolutionary war." The choice of words inadvertently revealed that the speakers and invited participants were planning a revolution and not just to guard against a takeover imaginary communists. The rally was mainly a meeting of fascists, right-wing journalists and military personnel."The strategy of tension" that came out was intended to disrupt ordinary life by terrorist attacks to create chaos and encourage a frightened public to accept even more authoritarian government [Mario Scialoja, "A Convegno Explosivo" ExpressoNovember 25, 1990, p. 127.] .
Several "experts" of this operation had a criminal record and anticommunist activists were to be later involved in some of the worst massacres that gripped Italy. One of them was journalist and secret agent Guido Giannettini. Four years earlier, he had a seminar at the U.S. Naval Academy on "techniques and perspectives coup in Europe." Another was notorious fascist Stefano Delle Chiaie which was apparently he was recruited as a secret agent in 1960. He organized his own armed group, known as the Avanguardia Nazionale (AN), whose members had started training in terrorist tactics plan preparation Solo [Christie, op. quoted , p. 26, 33.] .
General De Lorenzo, whose SIFAR became the SID, was quick to enlist these and other men of confidence in a new project Gladio. They planned to create a secret parallel force alongside sensitive government services to neutralize subversive elements that had not yet been "purified." Known as the Parallel SID, its tentacles extended to almost all the institutions of the Italian state capitals. Vito Miceli General, who was then head of the SID, said he set up this separate structure "at the request of the Americans and NATO" [ Ibid. , p. 35-36]. .
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:31
7. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (fraternal bonds)
Two ancient and mysterious brotherhoods prevented international programs uncoordinated Gladio disintegrating. The Knights of Malta played a formative role after the war (see The roots of Gladio ), but Freemasonry, through its most famous houses in Italy, known as Propaganda Due, or P2, was far more influential . In the late 1960s, the "Most Venerable Master" was Licio Gelli, a Knight of Malta who fought for Franco with Mussolini's Blackshirts. At the end of World War II, Gelli was threatened to be executed by Italian partisans for his collaboration with the Nazis, but he escaped by enlisting in the service of espionage against the U.S. Army [Willems, op. cit ., p.119.] . In 1950, he was recruited by SIFAR.
Having won several years in exile in Argentine fascist circles [On links between Gelli, P2, and the extreme right in Argentina, see Martin Andersen, Dossier Secreto: Argentina's Desaparecidos and the Myth of the "Dirty War" (Boulder, Colo., Westview Press, 1993), chapters 10 and 20.] , he was remembered in Italy as a Freemason. Rapid access to the highest office, he began fraternizing in 1969 with Gen. Alexander Haig, then assistant to Henry Kissinger, the head of the president's national security Nixon. Gelli became the main intermediary between the CIA and SID De Lorenzo, also a Mason and Knight. The first order issued by the White House Gelli was, it seems, to recruit 400 additional representatives at the highest levels in Italian and NATO [SISMI Memo 446 / R, quoted by Roberto Chiodi, "Gelli and Kissinger" , L'Espresso (Rome), November 25, 1990, p. 133.] .
To help ferret out dissidents, Gelli and De Lorenzo began compiling dossiers on thousands of people, including legislators and clerics[Willems, op. cit. , p. 83.] . Few years after the scandal erupted when an inquiry found 157,000 such files in SID, all available to the defense and interior [De Lorenzo, before the Commission of Inquiry, 1964, p. 69, quoted by Willems, Ibid ., p. 83.] . Parliament ordered 34,000 cards were burned, but this time, the CIA had duplicates for its archives [Faenza, op. cit ., p. 316.] .
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:33
8. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the right-wing provocateurs)
THE EXTREME RIGHT PROVOCATEURS
In 1968, Americans began commando training in formal gladiators based Sardinian clandestine NATO. In a few years, 4000 officers were placed in strategic positions. At least 139 weapons caches, including the barracks of the carabinieri, were at their disposal [Willems, op. cit. , p. 90 Scalia, op. cit., p. 12.] . To encourage young people to join this risky venture, the CIA paid high salaries and promised that if they were killed, their children would be educated at the expense of the United States [Scalia, op. cit ., p. 30.] .
Tensions began to reach critical mass in the same year. While the dissidents took the streets across the world, in Italy, university occupations and strikes for wages and higher pensions were overshadowed by a series of bloody political crimes.
, the number of terrorist acts rose to 147 in 1968, climbed to 398 the following year, and reached the top of the incredible 2498 in 1978 before going to diminish, largely due to a new law encouraging informers (the "repentant") [ U.S. Senate, "Terrorism and Security, the Italian Experience," Report of Subcommittee on Security and Terrorism , November 1984, p. 62.] . Until 1974, the bombers indiscriminate extreme right were the main force behind the political violence.
's first major explosion took place in 1969 in Milan, Piazza Fontana, it killed 18 people and injured 90. In this massacre and many other anarchists were convenient scapegoats of fascist provocateurs for seeking to render the charge left. Responding to a telephone tube after the massacre of Milan, the police arrested 150 alleged anarchists and made even spend some justice. But two years later, a new witness led to the indictment of several neo-fascist officers and SID. Three innocent anarchists were convicted but later acquitted, while those responsible for the attack were not punished by the Italian courts [Frédéric Laurent, L'Orchestre Black (Paris, Editions Stock, 1978), p. 29, quoted by Françoise Hervet, op. cit. , p. 30-31, and Willems, op. cit ., p. 102-104]. .
conclusive links between Gladio and political violence were found after a plane had exploded in flight near Venice in November 1973. Judge Venetian Carlo Mastelloni established that the plane Argo-16 was used to send recruits and ammunition from the U.S. base in Sardinia and Gladio sites in north-eastern Italy [Willems, op. cit. , p. 90] .
The climax of the right-wing terror was reached in 1974 with two massacres. One, a bomb in a fascist rally in Brescia, killed eight people and wounded 102. The other was an explosion in the Italicus train near Bologna, killing 12 people and injuring 105. At that time, President Giovanni Leone, without too much exaggeration, summed up the situation: "With 10,000 civilians in arms waving in all directions, as usual, I am a president of crap. " [Franco Giustolizi, "Parallel Retrovie" L'Espresso , 18 November 1990, p. 15.]
in Brescia, the initial call to the police also accused the anarchists, but the culprit turned out to be a secret agent of parallel SID [Scalia, op.cit. , p. 12.] . A similar relationship was also alleged in the case of Italicus. Both fascists who were eventually convicted were members of a clandestine police called Black Dragon, according to the newspaper far-left Lotta Continua [Christie, op. cit ., p. 77.] . Their sentences were also canceled. While in this case and in others, many leftists were arrested and tried, fascists or neo-fascists were often the culprits in connection with groups of Gladio and Italian secret services. This reflects the extent to which these forces controlled the government through the Parallel SID is that almost all elements of the extreme right involved in these atrocities were later released. In 1974, the army began to respond left to extreme right terror. She was partisan lightning attacks targeted versus bombings committed at random from the extreme right. The next six years, leftist activists, especially the Red Brigades, reacted with vengeance, committing more acts of political violence that the extreme right [Willems, op. cit. , p. 94] . Italy was on the brink of civil war for several years.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:34
9. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (fomenting coups)
Meanwhile, the right-wing groups were busy planning takeovers of elected government, with the active encouragement of U.S. officials. An instruction document 1970 132 pages on "stability operations" in the country "host" school did. It was published as a supplement of the B field manual the U.S. Army. Following in the footsteps of earlier documents of the NSC [National Security Council (translator's note)] and the CIA, the manual explained that "special attention should be given to possible changes in structure" if a country does not show sufficiently anticommunist. If it does not respond with a "force" adequate, continued the document, "groups acting under the control of the secret services of the U.S. military should be used to launch violent actions or non-violent, according to the scenario . " [When the United States Embassy in Rome was informed that top secret document would be published, she said that this would be "inappropriate". After publication, the embassy claimed it was a fake. The full text was published under the title "The Mysterious Supplement B: Sticking it to the" Host Country "," CovertAction , No. 3 (January 1979), p. 11, 14-18. But Licio Gelli said that the CIA had given him a copy. BBC Special "Gladio, Part III, The Foot Soldiers," June 10, 1992.]
With such incendiary suggestions and thousands of guerrilla training prepared by Americans, fascists tried again to take power by force in 1970. This time, the "Black Prince" Borghese was the instigator. Fifty men under the command of Stefano Della Chiaie seized the Interior Ministry in Rome after being driven at night by the assistant chief of the political police Federico D'Amato. But the operation was abandoned when Borghese received a mysterious phone call later attributed to General Vito Miceli, chief of military intelligence. The conspirators were not arrested, instead, they left after stealing 180 guns [John Dinges and Saul Landau, Assassination on Embassy Row (London, Writers and Raeders, 1980), p. 163, 170.] .
The news of the attack remained secret until an informant has spun a hose to the press three months later. At this time, the culprits fled Spain. Although the leaders were convicted in 1975, the verdict was overturned on appeal. All but one of the guns had been returned previously [Interview with Jeff Bale, professor / doctoral candidate at the University of California] .It is in this context that the United States decided to once again do their utmost to prevent the Communists to strengthen the 1972 election.Pike According to the report, the CIA disbursed $ 10 million to 21 candidates, mostly Christian Democrats [Aaron Latham, "The CIA Report the President Does not Want You to Read" The Select Committee's Record "," Village Voice , 20 February 1976, p. 23 . The Voice reprinted in two parts the full report of the House Select Committee on Intelligence, better known under the name "Pike Report."] This amount does not include the $ 800 000 that Ambassador Graham Martin, gravitating around the CIA had obtained from the White House through Henry Kissinger to General Miceli [ Ibid .] . Miceli was to meet later convictions for attempted coup Borghese, but on the same model, he was exonerated.
police foiled another attempted coup that year. She found a list of beatings and other documents showing the existence of some 20 subversive groups that formed the structure of the Parallel SID. Roberto Cavallero, fascist trade unionist, was involved, as were senior generals who said having obtained the approval of NATO and U.S. officials. In later testimony, Cavallaro said the group had been set up to restore order in case of trouble. "When these problems do not arise [for themselves]," he says, "they are produced by the extreme right."General Miceli was arrested, but the courts eventually freed, saying that there was no insurrection [Willems, op. cit ., p. 107.] .
far-right again tried to overthrow the government in 1974, with the imprimatur of the CIA and NATO, it seems. Its leader was Edgardo Sogno, one of the resistance fighters most decorated of Italy, who had formed a group in the kind of Gladio after the war.Sogno, who had made many influential American friends while working at the Italian Embassy in Washington during the 60s, was later arrested, but he, too, was finally exonerated [Phillip Willan, Puppetmasters ( London, Constable & Co., 1991), p. 107-109] .
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:38
10. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the outcome of Gladio)
THE SETTLEMENT OF GLADIO
Peteano a triple murder near Venice in May 1972 proved central in the unveiling of Gladio. The crime occurred when three carabinieri, in response to an anonymous phone call, went to check a suspicious car. When one of them opened the hood, all three were blown up by a bomb [Scalia, op. cit. , p. 11.] .Two days later, an anonymous caller impliqua the Red Brigades, the most active left-wing revolutionary groups. Police for questioning immediately swept up 200 suspected communists, thieves and pimps, but no charge was retained. Ten years later, a Venetian courageous magistrate, Felice Casson, reopened the long-dormant case, only to learn that there had been no police investigation at the scene. Although he received a falsified analysis of an expert in bombs and secret service he had been confronted with numerous obstructions and delays, the judge pulled up the trace of explosives to a militant group called New Order and one of its active members, Vincenzo Guerra.He quickly confessed and was sentenced to life. He was the only bomber extreme right ever trapped [Marcella Andreoli, "Che di Bomba Esperto! " Panorama (Milan), 18 November 1990, p. 44.] .
Vinciguerra refused to compromise other people, but concealed the facts described:
"The carabinieri, the Ministry of the Interior, the Customs and Finance Guard, the intelligence services and military, everyone knew the truth behind these attacks, I was responsible and all this in less than 20 days. They decided, for reasons entirely political cover-up. " [ BBC Special "Gladio, Part II: the Puppeteers," June 10, 1992.]
Regarding its mobile Vinciguerra, convinced fascist, said that his crime was "an act of rebellion against manipulation" of neo-fascism since 1945 the entire structure based parallel Gladio [ Ibid .] .Casson eventually found enough evidence to implicate the highest officials of the country. In what was the first application of its kind to Italian President asked Casson explanations President Francesco Cossiga. But Casson did not stop there, he also asked that other officials sweep their doorstep. In October 1990, under pressure from Casson, Prime Minister Giulio Andreotti finishes with 30 years of denials and Gladio described in detail. He added that all prime ministers were aware of Gladio, although some had subsequently denied [François Vitrani "Gladio Revelations Put Sword at Heart of Italian Politics," Guardian Weekly (Manchester), December 23, 1990, p. 14] .
Suddenly, the Italians were the keys to many mysteries, including the unexplained death of Pope John Paul I in 1978. The writer David Yallop mentioned as a suspect in this case Gelli, saying that he "ran in Italy at the time, for all practical purposes. " [David A. Yallop, In God's Name (New York, Bantam, 1984), p. 314.]
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:49
11. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (Memento Moro)
MEMENTO MOROThe most shocking political crime of the 70s was perhaps the kidnapping and assassination of Prime Minister Aldo Moro and five of his assistants in 1978. The abduction took place while Moro was on his way to submit a plan to strengthen the Italian political stability, which provided input communist government.
Earlier versions of the plan were put U.S. officials in a tizzy. Four years before his death, during a visit to the United States as foreign minister, Moro had the right to read the law against seditious gatherings by the secretary of state Henry Kissinger and later an official of the intelligence services anonymously. Testifying during the investigation into her murder, Moro's widow summarized their threatening words: "You must abandon your policy of conducting all political forces to work directly ... or you will pay dearly. " [Giuseppi Zupo and Vincenzo Marini, Operazione Moro (Milan, Franco Angeli, 1984), p. 280, quoted by Willan, op. cit., p. 220].
Moro was so shaken by these threats, according to his assistant, he fell sick the next day and cut short his visit to the United States, saying he was done with politics [Willan, op. cit. , p. 220.] . But U.S. pressure continued, Senator Henry Jackson (Washington District) launched a similar warning two years later in an interview in Italy [ Ibid ., p. 221.] . Shortly before his abduction, Moro wrote an article that met American critics, but decided not to publish it [Ibid ., Moro article was published in L'Unita (Rome), May 29, 1978, after his death .] .
During his 55 days of captivity, Moro repeatedly implored his peers Christian Democrats to be blackmailed by accepting the exchange of jailed members of the Red Brigades against his release. But they refused, for the delight of official Alliance, who wanted the Italians play the card of firmness. In a letter found later, Moro predicted:
"My death will fall like a curse upon all Christian Democrats, and this is the beginning of a disastrous and irreversible collapse of the entire party apparatus. " [Dario Fo and Franca Rame, "What Passion! What Generosity! What Corruption! " New York Times , 5 December 1993, p.A4.]
During the captivity of Moro, the police claimed to have interviewed so implausible millions of people and searched thousands of homes. But the trial judge to have investigated the case, Luciano Infelisi, said he had no police officer available. "I conducted this survey with a single typist, and not even a phone in my office. "He said he had not received any information useful intelligence during this period [Moro Commission Report, 1983, p. 68-69, quoted by Willan, op. cit ., p. 231] . Other magistrates suggested in 1985 that one of the reasons for inaction was that all officers involved were the most important members of the P2 were acting on the orders of Gelli and the CIA [Chiodi, op.cit ., p. 134. The deep involvement of the police in terrorism became particularly clear after testimony before a commission of inquiry in 1983. The army colonel Amos Spiazzi remembered that in 1970 he met two officers accidentally carabinieri preparing a bomb near Bolzano, a city in northern Italy. He stopped and warned his post. However, when he led them there, he was stopped by members of the National and Municipal Police, who took them prisoners. He was then transferred to a remote location. Scalia, op. cit ., p. 12.] .
Though the government has finally arrested and convicted several members of the Red Brigades, many people in the press and in parliament which continued to wonder if the SID had not organized the kidnapping after receiving orders from and even higher. Suspicion naturally turned to the United States, particularly Henry Kissinger, although he denied any role in the crime. Through Gladio and the Mafia, Washington had the perfect device to accomplish such an action without a trace.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 3:50
12. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (infiltration of the Red Brigades)
INFILTRATION OF RED BRIGADES
The Red Brigades were infiltrated thoroughly for years by both the CIA and the Italian secret service is no longer disputed. The purpose of this operation was to encourage the violence of extremist left to discredit the left as a whole.The Red Brigades were a perfect foil. With radicalism foolproof, they considered that the Italian Communist Party was too moderate and Moro opening too compromising. The Red Brigades worked in close contact with the language school Hyperion in Paris without realizing it had links with the CIA. The school was founded by three pseudo-Italian revolutionaries. One of them, Corrado Simioni, had worked for the CIA at Radio Free Europe [Willan, op. cit ., p.189.190. The role of the Hyperion language school fits the description made by the prosecutor Pietro Calogero, a terrorist command structure requiring the course taken by the political violence in Italy.] . Another, Duccio Berio, admitted he sent the SID information on the Italian leftist groups [ Ibid ., p. 197.] . Hyperion opened an office in Italy shortly before the abduction and closed a few months later. A police report said Italian Hyperion "could be the most important CIA office in Europe. " [ Ibid ., pp.190-98.] Mario Moretti , one of those who was responsible for the Red Brigades to obtain weapons and contacts with Paris, managed to escape arrest in the case for Moro three years despite the fact that he had personally led the abduction [ Ibid ., pp.190-92] .
Magistrate Venice Carlo Mastelloni concluded in 1984 that the Red Brigades had been for years the PLO weapons [Carlo Mastelloni "Sentanza-Ordinanza" (Venice, 1989), p. 412, quoted by Willan, op. cit ., p. 196.] . Mastelloni wrote: "the de facto agreement between the U.S. and the PLO at the secret service was regarded as having a connection with this investigation on the relationship between the Red Brigades and the PLO. " [Carlo Mastelloni, op. cit ., p. 508, cited by Willan, op. cit ., p. 196.] An expert Gladio, Philip Willan, concludes that "the arms supply agreement between the PLO and the Red Brigades were part of the secret agreement between the PLO and the CIA. " [Willan, op. cit ., p. 196-97.] His research indicates that the alleged agreement between the CIA and the PLO was passed in 1976, a year after the United States engaged with Israel no longer maintain political contacts with the PLO.
Upon removal of Moro, several leaders of the Red Brigades were in prison, having been delivered by a double agent after they removed a judge. According to the journalist Gianni Cipriani, one of those arrested had on him phone numbers and personal notes leading to a high-ranking member of SID, which has openly boasted of agents within the Red Brigades. Other finds include fascinating discovery in the caches of the Red Brigades of printing which previously belonged to the SID and ballistics tests showed that more than half of the 92 bullets fired at the scene of the abduction were similar to those stocks Gladio [ BBC Special "Gladio, Part III," op. cit .] .
Several people noted that it was unlikely that the Red Brigades were able to carry out such a removal of military type, without difficulty, in the center of Rome. Alberto Franceschini, imprisoned member of the Red Brigades, said: "I never thought my comrades on the outside were able to carry out a military complex (...) We remembered ourselves as an organization made up of young inexperienced guys. " [ Ibid .] Two days after the crime, a secret service officer told the press that criminals seem to have received special training commando [Willan, op. cit ., p. 156.] .
When letters written by Moro were later found in a cache of the Red Brigades in Milan, investigators hoped they would reveal vital evidence.But Biscioni Francesco, who has studied the responses made by Moro to his captors, concluded that significant passages were deleted when they were transcribed. However, in a passage uncensored, Moro was concerned that "harmonious relations with colleagues Andreotti the CIA" could affect his fate [ Ibid ., p. 130.] .
Both people who knew more about the letters Moro was murdered. Carabinieri General in charge of counterterrorism, Carlo Alberto Della Chiesa, was transferred to Sicily and the victim of a mafia-style assassination in 1982, a few months after raising questions about the missing letters [ Ibid ., p. 286.] . Maverick journalist Mino Pecorelli was assassinated on a street in Rome in 1979, only a month after reporting that he had obtained a list of 56 fascists delivered to the police by Gelli [ Ibid ., p. 86.] . Thomas Buscetta, a mafia informant status as a protected witness in the United States, accused Andreotti of ordering the two murders for fear of being unmasked [Alan Cowell, "Italy 1978 Re-examined Moro Slaying," New Ork Times , 13 November 1993, p. A13.] . But last year, a survey conducted by his peers found no basis for a lawsuit against the Prime Minister. Della Chiesa and Pecorelli were only two among many witnesses, potential or actual, murdered before he could be questioned by judges that would not corrupt Gladio [Among other things, included a suspect in the bombing Brescia, who was executed by cellmates in 1981, and a supect in the bombing of Bologna, who was killed by the same prison the following year. Another witness Bologna was mortally wounded in Bolivia in 1982 with the help of the CIA. Willan, op. cit ., p. 136.] . President Cossiga, interior minister when Moro was killed, told the BBC: "The death of Aldo Moro still weighs heavily on the Christian Democrats and the decision I made to sacrifice in order to save the facts Republic, which made me gray hair. " [ BBC Special "Gladio, Part III," op. cit .]
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 8:16
13. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the bombing of the Bologna train station)
A BOMB ATTACK OF THE STATION OF BOLOGNA
Following the tremendous explosion of Bologna railway station, two years after the death of Moro, many Italians could get white hair - not only because the macabre balance of 85 dead and 200 wounded, but also the inertia authorities that followed. Although magistrates have suspected neo-fascists, they were unable to issue arrest warrants for more credible than two years, due to false information provided by the intelligence services. At that time, among the top five suspects, two of whom had ties with the SID, all but one had decamped country [Interview with Jeff Bale, 21 March 1994.] . T4 explosives found at the scene were identical to the material used Gladio Brescia, Peteano and other bombings, according to the testimony of an expert before the judge Mastelloni [Giustolizi, op. cit ., p. 14.] .
During the trial, the judges mentionnèrent the "strategy of tension and its links with" foreign powers ". "They also discovered the secret military and civilian structure tied to neo-fascist groups, the P2 and the secret services [Willems, op. cit ., p. 116.] . In short, they discovered the CIA and Gladio.
Their efforts to make real justice in the bombing of Bologna came to nothing because, in 1990, the Court of Appeal acquitted the "brains" of suspects. Gelli, head of P2, was released, along with two secret service chiefs whose perjury convictions were quashed. Four gladiators convicted of participating in an armed band also won their appeals. In this Peteano was the only major case of attack followed by a conviction of the real bomber, through confession Vinciguerra.
distressing The court minutes of these monstrous crimes showed how the Gladio network controlled the army, police, secret services and the main courts. With the P2, 963 and his brothers well placed [ Ibid ., p. 119. When police discovered the list of members in March 1981, Gelli fled the country. He was later extradited from Switzerland to appear at the trial of the bombing of the Bologna train station. Willan, op. cit ., p. 209]. , collusion also extended to the highest levels of media and business.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 4:00
14. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the balance of Gladio)
THE BALANCE OF GLADIO
However, in the early 1980s, there was enough fingerprints of the CIA in court cases to bring a powerful sense anti-American . Thus in 1981 the offices of three American firms to Rome were the targets of bombings in 1982 and the Red Brigades kidnapped James L. Dozier , an American general attached to NATO , designating as a "henchman Yankee" [U.S. Department of State , January 28, 1982. ]. He was released five weeks later by police commandos, with the help, it seems , relationships mafia of the CIA ["Fat Man, Tailor, Soldier, Spy," Time , 28 February 1983, pp. .32-33.] . However, the damage to the image of the United States by these revelations has been remarkably limited compared to what they did undergo the Italian society and government for fifty years in the name of anticommunism.
predicting the ultimate of Moro was verified. Instead of strengthening the center parties, Gladio , with the assistance of corruption, destroyed them. Instead of destroying the left, the revelations of Gladio helped them take control of major cities while maintaining third of the seats in parliament. In the early 1980s, the Red Brigades were destroyed, but the main instigators of right-wing terrorism - the Mafia and the Fascist - remained active [including, in this case, the bombing in a train at the exit of Bologna in the same tunnel as ten years ago, killing 15 people and injuring 267, and the bombings of 1993 against cultural symbols in Rome and Florence, attacks that caused the deaths of 11 people and made over 98 wounded.] .
The record led some to question the foundations entirely of U.S. involvement in Italy , particularly in regard to the "communist threat".According to Phillip Willan , who wrote the seminal book on Italian terrorism: "The United States has consistently refused to admit the growing acceptance and without reserve of the Italian Communist Party to the principles of Western democracy, and the latter as an alternative valid parties generally corrupt and incompetent who had ruled Italy since the war. If they did, much of the carnage resulting from the strategy of tension could be avoided. " [Willan, op. cit. , p. 28.]
Willan comes to "whether the representatives of American and Italian secret services were not deliberately exaggerated the Communist threat to increase their power and give greater freedom to maneuver. " [ Ibid ., p. 353.]
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 4:04
15. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (lessons Gladio)
LESSONS FROM GLADIO
As long as the American public is kept in ignorance of this dark page in American foreign policy, intelligence officials did suffer a slight pressure to amend their ways. The end of the Cold War has brought massive changes in other countries, but in Washington almost nothing has changed. Ironic in a formula, a mole of the CIA admitted, Aldrich Ames, raised the basic question of whether the United States needed tens of thousands of agents across the world, working first in the country and cons "friends." "The United States, he added, still waiting for a real national debate about means and ends - not to mention the cost - of our national security policy. " [H. Aldrich Ames, "Spy Express Regret, Anger," Washington Post , 29 April 1994, p. A7.]
The new Italian government was sold as the revolution of all those who, in fact, were deprived of their voting rights as a clear break with the past. But the fascists are back and gaining ground. The anti-mafia was rejected and the major cartels have tightened their grip on the economy. The brother of the P2 Berlusconi continues to abuse the fear of communist legacy of the Cold War. The authors are still unpunished Gladio and "experts" Washington have the fear of terrorism ever [For example, the seminar of April 8, 1994 Cato Institute in Washington: "Italy: Paradigm for a Post-Welfare- State World? "Where a close friend of Berlusconi, Stan Burnett, focus group right Center for Strategic and International Studies, raised the specter of further terrorist attacks.] : it seems that business as usual in Italy.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 4:05
16. Gladio: The secret war of the United States to subvert Italian democracy (the roots of Gladio)
THE ROOTS OF GLADIOPolicies that should be developed within Gladio were born during the Second World War, when anti-American phobias were combined with geopolitical fears of a victorious USSR to declare a holy war against the left. The feeling that "the end justifies the means" inside the U.S. government, particularly the Office of Strategic Services (OSS), encouraged the creation of programs "Stay Behind" through Western Europe, officially as a first line of defense in case of Soviet invasion.
, but the main concern was related to domestic politics. The greatest fear Americans about Italy was that the communist partisans who fought in the North would rejoignissent organizations working to bring the left to power. OSS and its successors were apparently prepared to take any measure to prevent this event, including political assassination, terrorism, and alliances with organized crime.According to a memorandum of the OSS in Washington, the United States seemed to support a plan monarchist who was to serve as a "fascist killers" to commit acts of terror and blame the left [ OSSMemorandum 99 642, 24 October , 1944. ] . American involvement in Italian politics began in 1942, when the OSS successfully lobbied the Ministry of Justice to release from prison gangster Charles "Lucky" Luciano. In exchange for his early release, Luciano agreed to make contact with his friends from the Mafia to facilitate access to the U.S. invasion of Sicily in 1943 [ U.S. Senate Special Committee, Hearings on Organized Crime , Part.2, 1951, p. 1181. ] .
's agreement by Luciano forged a long-term alliance between the United States and the international Mafia. He laid the foundations for cooperation between U.S. intelligence and international criminal organizations involved in trafficking of arms and drugs. The sponsor of the agreement was Earl Brennan, head of the OSS in Italy. Before the war, he served at the Embassy of the United States, using his diplomatic cover to establish contacts with the secret police of Mussolini and the Fascists senior [ R. Faenza and Fini, Gli Americani in Italia (Milan, Feltrinelli, 1976), p. 8 ] .
Catholic Church also cooperation. U.S. ties with the Vatican were already substantial, and one of the strongest links was a secret brotherhood, the Sovereign Military Order of Malta, based in Rome, which dates back to the First Crusade. The head of the OSS William "Wild Bill" Donovan was a member. Similarly other senior U.S. officials, including Myron Taylor, U.S. envoy to the Vatican from 1939 to 1950, and William Casey, a spy for the OSS came to the head of the CIA under Reagan. The head of the OSS in Italy, Brennan had contact in 1942 with Deputy Secretary of State of the Vatican, Gian Battista Montini, who became Pope Paul VI in 1963 [ Frédéric Laurent, L'Orchestre Black ( Paris, Editions Stock, 1978), p. 29, quoted by Françoise Hervet, "Knights of Darkness: The Sovereign Military Order of Malta" CovertAction , No. 25, p. 31. ] .
One prominent OSS spies was James Jesus Angleton, who became the leader of the legendary and paranoid espionage against the CIA.Angleton relied on family relationships and business in Italy, to lay the basis of Gladio, forming and funding an underground network of right-wing Italians who shared his fierce style, enthusiastic and naive [David Wise, Molehunt (New York Random House, 1992), p. 40.] . Paramilitary groups were filled with fervent anticommunist ready to go to war against the left. He also helped Nazi criminals mass / fascist Junio Valerio Borghese, such as the Black Prince, he escaped justice at the end of the war [Peter Tompkins, Mondo's Men , unpublished.] .
U.S. officials were concerned that communists and socialists might join forces after the battle. The communist takeover in Czechoslovakia in 1948 increased their fears. As a result, the United States plans to handle different fabricated Italian politics. Angleton, who in late 1948 had been promoted to special assistant to the director of the CIA, Admiral Roscoe Hillenkoetter, the use of 20 000 Vatican civic committees to conduct psychological warfare against the communist influences, especially in unions [State Department Memorandum No. 866 5043, September 16, 1948, quoted by Faenza and Fini, op. cit ., p. 320.] .
's National Security Council (NSC), which had been created, entered also in the running: "If the Communist Party wins the election [1948]," advised the NSC, "such an attack should be immediately counteracted by steps to extend the provision of strategic U.S. forces in Italy. " [National Security Council Order 1/1, 14 November 1947.] The communists did not win this election essential (no more than any that followed). But it did not put a stop to the attempt to destroy the American left. The total cost of these activities (and various aid programs) for U.S. taxpayers rose to $ 4 billion from the end of the war to 1953 [U.S. Joint Chiefs of Staff Memorandum, March 14, 1952, quoted by Willems , op. cit ., p. 80, note 21.] . And that was only the beginning of the U.S. attack against Italian sovereignty.
PUBLISHED BY JULES BONNOT BAND AT 4:06
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